Intoxication au cannabis : vos conseils

Selon l’OFDT* le nombre d’expérimentateurs français du cannabis se situe vraisemblablement entre 13 et 14 millions. Il n’est pas surprenant de constater que les cas d’intoxication sont fréquents chez les chiens. Comment aborder la question sans gêner les propriétaires ? Comment évaluer la gravité ? Comment réagir au mieux ? L’équipe officinale doit savoir poser les bonnes questions et oser dans tous les cas (avant d’envoyer chez le vétérinaire) faire vomir le chien, si l’intoxication a eu lieu il y a moins de deux heures.

 

Bases à retenir

– Les feuilles de cannabis sont issues du chanvre cultivé (Cannabis sativa). Il en existe plusieurs variétés plus ou moins riches en substances cannabinoïdes aux propriétés médicinales ou psychotropes. Le principe actif est le delta 9 tétrahydro­cannabinol ou THC. La dose toxique chez le chien est de 50 à 100 mg de plante entière par kilo. La dose mortelle par voie orale est de 3 g/kg.

– Les données issues des centres antipoison vétérinaires indiquent que le chien est la première espèce concernée par l’intoxication au cannabis. Les chiens s’intoxiquent en consommant différentes formes d’utilisation du cannabis : mégots, joints, résine pure, gâteau appétissant (« space cake ») où de la drogue a été́ incorporée (forme la plus courante).

– L’élimination du toxique est très lente. Elle se fait via les selles (deux tiers) et les urines (un tiers).

– Signes au comptoir : comportement modifié en moyenne 1 heure après ingestion (30 minutes à 3 heures), difficultés d’orientation, ataxie, agressivité, faiblesse, tremblements musculaires, hyperexcitation, somnolence, pupilles dilatées (mydriase)… Dans les cas les plus graves, des convulsions, puis un coma sont possibles. La majorité des cas sont bénins. Les symptômes persistent quelques heures. Parfois aussi, ils peuvent persister entre 2 à 4 jours à bas bruit.

 

 

Conseils client

 

Méthode globale de conseil ACF. Si les signes sont importants, conseillez de consulter le vétérinaire en urgence. Il n’existe pas d’antidote connu, le traitement est symptomatique et favorise l’élimination du toxique (perfusion, diurétique).

1) Ingestion il y a moins de deux heures : faites vomir l’animal (sans hésiter) !

Conseillez de faire vomir en administrant de l’eau oxygénée à 3 volumes : une cuillère à café pour 5 kg de poids. Aucun risque de brulure de l’œsophage, n’hésitez pas. Vendez une seringue de 20 ml et un flacon d’eau oxygénée à 10 volumes que le propriétaire ou vous pouvez diluer au tiers : 5 mL eau oxygénée à 10 volumes, 10 mL d’eau, pour obtenir une concentration à environ 3 %. Conseillez d’administrer la solution diluée à 3 % à l’extérieur de l’officine (pour éviter les « accidents »), puis de faire marcher un peu l’animal. S’il ne vomit pas, l’administration peut être renouvelée 15 minutes après.

Autres solutions pour faire vomir : l’eau tiède salée ou l’injection d’apomorphine (prescription) en IM, (0,1 mg/kg.

2) Charbon actif et autres

Dans les quatre heures après ingestion, conseillez d’administrer du charbon actif ou un pansement gastrique en cas de vomissements. Ayez en stock une forme liquide pour animaux.

 

En général, le pronostic est bon. Il n’y pas de séquelles, sauf en cas d’ingestion de très fortes doses de cannabis. Le principal problème consiste à conduire le propriétaire à admettre la cause de l’intoxication, puisque la détention de cannabis est illégale, puis à évaluer la forme et la quantité ingérée. Souvent, les propriétaires ne veulent pas se rendre chez le vétérinaire par « honte » ou « peur » d’où l’importance de votre conseil.

 

Produits

– Charbon actif : Carbonimo, Carbodote…

– Pansement gastrique : Phosphaluvet…

 

 

Coordonnées utiles 

Centre National d’Informations Toxicologiques Vétérinaires (CNITV) — École Nationale Vétérinaire de Lyon : 04 78 87 10 40, 24 h/24. cnitv@vet-lyon.fr

 

 

* Source : Observatoire français des drogues et des toxicomanies.