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Vermifuges de la rentrée au box : ciblez gastérophiles et ténias.

Date de publication :
05/09/2019
Espéce :
Cheval
Catégorie :
Dossiers

Tous les parasites internes ne menacent pas en même temps ! La rentrée au box, c’est le moment de traiter contre les gastérophiles et les ténias. Quant aux jeunes, ils doivent être protégés des larves enkystées de petits strongles.

 

Au comptoir, clarifiez d’emblée le calendrier de vermifugation des animaux concernés. Rappelez immédiatement les objectifs prioritaires du traitement de rentrée pour les animaux qui ont séjourné au pré : gastérophiles, ténias et larves enkystées de petits strongles. L’interrogatoire du propriétaire est essentiel.

Il permettra de déterminer quels produits ont déjà été administrés et quand. Il s’agit d’intégrer le conseil d’automne dans le cadre d’un programme rationnel. En effet, les vermifuges sont si nombreux qu’il devient difficile de s’y retrouver. Rappelez que l’objectif n’est pas d’éliminer tous les parasites, mais de maintenir un équilibre parasite-cheval sans répercussion sur la santé.

Les parasites à viser

La menace parasitaire n’est pas la même pour un cheval au pré qui rentre au box ou pour un individu qui reste à l’écurie à longueur d’année. L’équipe doit réviser les principaux parasites internes et maîtriser la pathogénie des parasites plus spécifique de l’automne : les gastérophiles et les ténias. Ces parasitoses saisonnières ne concernent que les équidés qui reviennent du pré, pas les autres.

 

1) Gastérophiles 

Ce sont des insectes appartenant à l’ordre des diptères qui ressemblent aux mouches. Cinq espèces de gastérophiles sont susceptibles d’infester les équidés : Gasterophilus equi, G. nasalis, G. haemorrhoidalis, G. inermis et G. pecorum.

Les femelles pondent leurs œufs de couleur jaunâtre sur l’extrémité des poils des chevaux. Ces œufs sont en général bien visibles et solidement fixés. L’éclosion a lieu en 5 à 10 jours et le cheval se contamine par léchage ou mordillements.

La forme pathogène correspond à la larve L3, stade larvaire final, située dans l’estomac. Grâce à des pièces buccales en forme de crochets, elles se fixent solidement à la muqueuse gastrique ou duodénale. La totalité du cycle (durée d’un an) ne peut se dérouler qu’à l’extérieur, les pupes ne pouvant évoluer dans les litières de l’écurie. L’affection s’observe chez les chevaux de tout âge après un séjour au pré. L’infestation est estivale tandis que la parasitose est hivernale. La spoliation que les larves entrainent est non négligeable et doit être prise au sérieux. Il s’agit en général de troubles digestifs (appétit capricieux, coliques occasionnelles) avec un état général parfois affaibli.

– Conseil produits :

L’ivermectine (Eqvalan, Eraquell, Furexel, Hippomectin…) et la moxidectine (Equest) sont efficaces contre les stages larvaires et adultes. Les benzimidazoles (Panacur) et le pamoate de pyrantel (Strongid pâte cheval) sont des anthelminthiques stricts et ne sont donc pas actifs sur les gastérophiles.

 

2) Vers plats ou cestodes

 

Trois espèces sont susceptibles de parasiter les équidés : Anoplocephala perfoliata, la plus fréquente et de loin, Anoplocephala magna (ou plicata) et Paranoplocephala mamillana. L’infestation du cheval se fait par l’ingestion des acariens parasités qui vivent à la surface du sol sur les débris végétaux, les mousses et les lichens et commence dès le printemps. Après digestion de l’acarien, les larves d’anoplocéphales sont libérées dans l’intestin. En 6 à 10 semaines, un ténia adulte capable de libérer des œufs est formé. De ce fait, l’infestation ira crescendo du printemps jusqu’à l’automne et sera à son maximum en octobre-novembre car il y aura eu sommation d’infestations pendant plusieurs mois. Les ténias adultes sont localisés essentiellement au niveau de la valvule iléo-cæcale (jonction iléum-cæcum-colon) et sont à l’origine d’intussusception iléo-cæcale à l’origine de coliques violentes et parfois mortelles. La reproduction du ténia est de type hermaphrodite et donne naissance à des segments ovigères (utérus rempli d’œufs). L’élimination des œufs ou des segments ovigères a lieu dans les crottins et est irrégulière. Les œufs libérés dans le milieu extérieur sont infestants pour des petits acariens qui pullulent dans les pâturages, les oribates. Une fois l’œuf d’anoplocéphale ingéré, il éclot et libère une larve cysticercoïde qui devient infestante au bout de 15 jours et qui reste en vie aussi longtemps que l’oribate.

 

– Conseil produits :

La meilleure période de traitement est la fin de l’automne (novembre). La molécule la plus utilisée est le praziquantel, seule (Tenivalan) ou en association avec les lactones macrocycliques (Equest Pramox, Equimax, Eqvalan Duo), avec une grande efficacité sur les anoplocéphales. Notez qu’Equest Pramox contient 2,5 mg/kg de praziquantel. Ce dosage a démontré une activité de 100 % contre les 3 espèces de ténias.

 

3) Petits strongles ou cyathostomes :

Ils sont difficiles à éliminer car leurs larves s’enkystent dans la paroi de l’intestin, ce qui les rend moins vulnérables aux antiparasitaires.

 

Conseil produits :

La moxidectine en une prise (Equest) constitue le traitement de choix en automne car elle est aussi active sur les gastérophiles, les larves depetits strongles et tous les autres parasites.

L’ivermectine Eqvalan, Eraquell, Furexel…) est active sur les adultes et sur les larves circulantes.

 

4) Autres vers ronds

 

• Grands strongles :

L’ivermectine et la moxidectine sont actives sur les larves et les adultes.

• Ascaris :

Le plus fréquent est Parascaris equorum. Il est principalement retrouvé chez le poulain jusqu’à l’âge de 9 mois. La contamination se fait via la poulinière ; elle doit donc être correctement vermifugée.

L’ivermectine et la moxidectine sont efficaces contre les larves et les adultes.

• Oxyures :

Ils affectent toute l’année les chevaux adultes vivant en box.

La plupart des anthelminthiques à large spectre sont efficaces contre ces vers.

• Strongyloïdes :

Strongyloides westeri atteint le poulain nouveau-né via le lait maternel ou la mamelle (de façon transcutanée). La parasitose se développe en 2 semaines.

L’ivermectine, la moxidectine, le fenbendazole (Panacur, Panacur Equine Guard), et le fébantel sont efficaces contre les stades adultes.

 

 

S’adapter à chaque individu

 

Le poulain est plus sensible aux parasites qu’un adulte bien immunisé. Voici quelques cas courants

 

– Conseil cheval adulte, au box toute l’année : Deux vermifugations par an suffisent.

Après celui du printemps, le traitement d’automne est le second conseillé. Les risque de contamination par les gastérophiles et le ténia sont faibles. Toutefois par précaution, un produit complet convient mieux à cette période de traitement.

Insistez sur l’hygiène du box et l’élimination régulière des crottins pour ce mode de vie. Il est également préférable de nourrir le cheval dans l’auge et non à même le sol pour limiter les infestations.

– Cheval adulte, au pré qui rentre au box :

Vermifuger 4 fois par an, c’est l’objectif ! Le cheval au pré est plus exposé que le cheval au box, les parasites sont plus variés. De plus, il va se réinfester une fois le temps de rémanence du produit dépassé. Les deux grandes périodes d’infestation sont le printemps et l’été. D’où l’importance du traitement de rentrée au box pour éliminer les parasites avant l’hiver.

– Cheval âgé de plus de 15 ans :

La vermifugation va être indispensable car son système immunitaire est moins performant. Il est conseillé de vermifuger tous les 2 mois.

Parmi les molécules choisies, il est préférable d’utiliser les vermifuges à large spectre comme l’ivermectine ou la moxidectine au moins deux fois par an et le praziquantel au moins une fois par an.

– Poulain :

Conseillez de traiter dès l’âge de 8 semaines puis toutes les six semaines jusqu’à l’âge de 9 mois. Si la mère n’a pas été correctement vermifugée, un vermifuge le lendemain du poulinage est à conseiller.

– Poulinières gestantes et allaitantes :

Les écoles varient. Nombreux sont ceux qui évitent d’intervenir les 3 trois premiers mois et les 3 derniers pour éviter tout accident lié aux manipulations ou aux réactions individuelles, même s’il est recommandé de vermifuger dans les deux dernières semaines de gestation (prévention de l’ascaridiose chez le poulain). À l’officine, conseillez une vermifugation le lendemain du poulinage avec un produit actif sur les strongles et les ascaris. Puis conseillez une 2e vermifugation 2 à 3 mois après le poulinage, puis tous les 2 à 3 mois.

Conseillez également de laver les mamelles afin de minimiser la contamination des poulains par les œufs d’ascaris et les larves de strongyloïdes.

Rappelons que les principaux produits d’automne — ivermectine et moxidectine — peuvent être administrés à tous les stades de la gestation, et chez les juments allaitantes.

 

Si les clients sont réticents pour vermifuger sous prétexte qu’ils ont déjà traité au printemps et que leurs chevaux se portent bien, rappelez que les symptômes d’infestation par les vers apparaissent en général quand le nombre de parasites atteint des niveaux critiques. Le plus souvent les signes sont discrets : appétit capricieux, perte de poids et performance sub-optimale. S’il est jeune, sa croissance peut être perturbée. En cas de doute un examen de selle permet d’avoir des informations objectives. Certaines parasitoses peuvent avoir des conséquences dramatiques (mort), c’est pourquoi il est indispensable de traiter. À l’automne tout particulièrement, la vermifugation reste un geste essentiel pour la santé des équidés.

 

Produits à tenir en stock

1) Ivermectine en pâte orale : Alverin, Eqvalan, Eqvalan duo (avec praziquantel), Furexel, Furexel duo, Bimectine pâte, Eraquell, Nexmectin, Hippopraz, Iverpraz...

2) Vermifuges en gel oral à base de moxidectine : Equest (moxidectine), Equest pramox (moxidectine avec praziquantel)

3) Benzimidazoles en pâte orale  et pyrantel : Panacur pâte, Panacur Equine Guard, Panacur 10 %, Strongid pâte…

4) Vermifuges en gel oral à base ivermectine : Equest (moxidectine), Equimax gel oral (ivermectine avec praziquantel).

5) Vermifuges en granulés : Panacur Equine Guard (benzimidazolé).

6) Vermifuges en comprimés : Equimax 150/200, Eraquell tabs.

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