Dans les zones très infestées par les tiques, la protection conférée par certaines pipettes ne suffit pas toujours.

Comment la renforcer ?

Comment éviter que les tiques ne puissent transmettre la piroplasmose ?

Comment conseiller colliers, comprimés, pipettes, sprays ? 

Prévention tiques en zone à risque    

« J’ai mis une pipette et pourtant il a quand même attrapé des tiques ». Nombreux sont les pharmaciens à avoir entendu ce type de réflexion au comptoir.

La protection contre les tiques n’est pas une chose facile comme le laissent penser les slogans publicitaires de la plupart des antiparasitaires externes. Il n’est pas rare qu’un animal pourtant censé être protégé par un insecticide attrape quand même des tiques.

Prévenir la frustration

Pour éviter l’insatisfaction du client, il faut savoir renforcer la protection pour les animaux particulièrement exposés et expliquer que même sur un chien protégé une tique pourra se fixer pendant quelques heures. Communiquez sur le délai de fixation nécessaire à la transmission de la piroplasmose. L’important c’est que la tique meurt et tombe dans les 48 heures qui suivent sa fixation.

Dans une forêt ou une prairie, selon le degré d’infestation par les tiques, un chien pourra ramener une tique ou plusieurs dizaines. Votre conseil de prévention doit prendre en compte ce risque, massif ou léger. Plusieurs laboratoires ont mis sur le marché des pipettes dont l’efficacité sur les tiques est renforcée par la combinaison de plusieurs principes actifs. D’autres ont lancé des comprimés avec et sans ordonnance dont la caractéristique principale est l’action systémique ce qui permet de couvrir de façon uniforme toute la surface du corps. Ces nouvelles alternatives viennent s’ajouter aux produits déjà connus comme les colliers, les pipettes ou les sprays classiques à base de fipronil.

Panorama des acaricides 

Les antiparasitaires actifs contre les tiques sont nombreux : pyréthrinoïdes synthétiques, fipronil (actif 30 jours contre les tiques), dinétofurane, organophosphorés (toxiques en cas de surdosage), amitraz (molécule particulièrement active sur les tiques) et désormais le groupe des isoxazolines : afoxolaner, fluralaner, ...

Revoyons les différentes catégories de molécules utiles pour réaliser une protection globale du corps du chien exposé aux tiques.

1) Fipronil (Frontline, Fiprokil, etc.) leader et sans prescription : actif 30 jours contre les tiques. Pour obtenir une protection mieux répartie et plus efficace, nous vous recommandons de conseiller de renforcer l’activité de la forme en spot-on par une application de lotion en spray sur les zones du corps les plus exposées comme le poitrail, les oreilles, le ventre… Notez qu’en zone très infestée, il est possible que des tiques se fixent sur l’animal pourtant protégé par un spot-on ou un spray. Selon Mérial, les tiques fixées seront tuées avant l’échéance fatidique des 48 heures. Il faut donc rassurer le client sur les risques de transmission des maladies dont la tique est le vecteur.

2) Pyréthrinoïdes synthétiques : ils restent économiques et très efficaces (effets répulsifs et létaux), seuls, ou de plus en plus en association avec d’autres molécules. La perméthrine est acaricide et insecticide. Elle possède également des propriétés répulsives. Elle bénéficie de nombreuses synergies avec d’autres molécules insecticides. La deltaméthrine en collier a un effet répulsif de 6 mois sur les tiques. Le collier doit être posé une semaine avant l’arrivée en zone infestée. Produit : Scalibor Collier, Canishield, Deltatic... Ces produits peuvent être associés au fipronil (spot ou spray) pour couvrir les puces et renforcer l’action sur les tiques.

- fipronil + perméthrine (Frontline TRI-ACT, Perfikan…) : Cette association a une efficacité acaricide rémanente contre les tiques (Ixodes ricinus, Dermacentor reticulatus et Rhipicephalus sanguineus) pendant 4 semaines.

- Imidaclopride + perméthrine (Advantix) : plus ancienne, cette association exerce une efficacité acaricide et répulsive sur les tiques, persistant pendant 4 semaines (Rhipicephalus sanguineus, Ixodes ricinus) et 3 semaines (Dermacentor reticulatus).

— Perméthrine + pyriproxyfène + dinotéfurane (Vectra 3D spot-on sur prescription) : protection tiques, ce médicament vétérinaire a une efficacité acaricide et répulsive persistante contre les tiques (Rhipicephalus sanguineus et Ixodes ricinus pendant un mois, et Dermacentor reticulatus pendant trois semaines maximum).

3) Organophosphorés : ils ne sont pratiquement plus commercialisés sauf sous forme de colliers au dimpylate.

4) Amitraz : particulièrement active sur les tiques. Elle était disponible en collier dont beaucoup ont disparu et en spot-on associée au métaflumizone, sur prescription (Promeris Duo) très peu diffusée en pharmacie.

5) Pyriprole (Prac tic) : efficacité acaricide d’un mois. L’action rapide empêche l’attachement des tiques et donc évite qu’elles se nourrissent. Il s’applique en spot-on et ne doit pas être employé chez les chiots de moins de 2 kg.

6) Afoxolaner (Frontpro sans ordonnance et Nexgard ou Nexgard Spectra sur ordonnance) est un insecticide et un acaricide

actif contre plusieurs espèces de tiques telles que Dermacentor reticulatus et D. variabilis, Ixodes ricinus et I. scapularis, Rhipicephalus sanguineus… Il tue les tiques dans les 48 heures.

7) Fluralaner (Bravecto sur ordonnance) est un insecticide et acaricide systémique qui offre une activité immédiate et persistante d’élimination des tiques pendant 12 semaines (Ixodes ricinus, Dermacentor reticulatus et Dermacentor variabilis) ; et une activité immédiate et persistante d’élimination des tiques pendant 8 semaines (Rhipicephalus sanguineus).

8) Lotilaner (Adtab sans ordonnance et Crédélio sur ordonnance) assure une activité insecticide sur les puces (Ctenocephalides felis et C. canis) et une activité acaricide sur les tiques (Rhipicephalus sanguineus, Ixodes ricinus, I. hexagonus et Dermacentor reticulatus) immédiate et persistante pendant 1 mois.

9) Sarolaner (Simparica sur ordonnance) : traitement des infestations par les tiques (Dermacentor reticulatus, Ixodes hexagonus, Ixodes ricinus et Rhipicephalus sanguineus). Ce médicament vétérinaire a une activité acaricide immédiate et persistante sur les tiques pendant au moins 5 semaines. Traitement des infestations par les puces (Ctenocephalides felis et Ctenocephalides canis). Ce médicament vétérinaire a une activité insecticide immédiate et persistante contre les nouvelles infestations de puces pendant au moins 5 semaines.

Panorama des formes galéniques 

Ce secteur a été bouleversé par l’arrivée de comprimés à la fois antipuce et antitique (sur prescription). Le Bravecto avec sa rémanence de 3 mois permet une protection de longue durée en une seule administration. Il connaît un vif succès auprès des propriétaires. Les colliers spécialisés permettent aussi une protection longue en un seul geste. Les pipettes qui ciblent une protection renforcée contre les tiques sont aussi bien adaptées à la prévention sur de longues périodes si les propriétaires ont pris le réflexe de l’application mensuelle. Les lotions et les sprays ont une action rapide pour protéger plus vite. Conseillez de garder à portée de main un moyen mécanique pour retirer au plus vite les tiques.

1) Spot-on

Conseillez de préférence les formules renforcées contre les tiques types Frontline TRI-ACT ou Perfikan, ou Synergix, ou Advantix, car elles combinent un effet répulsif et létal sur les tiques pour une meilleure protection. Les propriétaires pensent parfois que ce type de produit est inefficace s’ils trouvent une tique, il faut leur expliquer que la présence d’une tique ne remet pas en cause l’efficacité du spot-on vis à vis de la transmission de la piroplasmose, si la tique est tuée dans les 48 heures qui suivent sa fixation.

2) Colliers

Les colliers sont le moyen le plus simple pour protéger l’animal pendant plusieurs mois.

Avant de conseiller un collier, demandez contre quels parasites le propriétaire souhaite protéger son animal. Contre tiques et phlébotomes, recommandez la deltaméthrine comme Scalibor et ses génériques ou la fluméthrine comme Seresto. Notez qu’en zone très infestée, il vaut mieux choisir un collier spécialisé, quitte à l’associer à un spot-on (contre les puces), un comprimé ou à une lotion appliquée tous les 15 jours.

3) Comprimés

Les propriétaires ont la possibilité d’administrer un comprimé par mois ou un comprimé tous les trois mois. La tique sera tuée lors de son repas sanguin. En effet, il s’agit donc de molécules à action systémique. Elles n’empêchent donc pas la tique de monter sur le chien. Les propriétaires peuvent être surpris voir déçus. On comprend mieux pourquoi, il peut être avantageux de coupler une forme systémique et une forme à action locale ou mieux à un insectifuge. Exemple : comprimé + collier spécialisé ou pipette répusive. C'est le conseil qui vaut de l'or !

4) Lotions en spray-pompe

Les plus conseillées sont celles à base de fipronil ou de perméthrine. Elles sont employées lorsqu’on recherche l’efficacité et la rapidité d’action, à raison d’une à deux applications par mois.

5) Aérosols

Les aérosols (pyréthrinoïdes) sont économiques, rapides et faciles d’emploi. Leur rémanence est réduite à quelques jours.

6) Produits concentrés à diluer

Ces produits sont économiques pour traiter plusieurs animaux (chiens de chasse, chenil). Leur rémanence est plus réduite (quelques jours à une semaine).

Associer pour mieux protéger 

Pour les animaux exposés en permanence à de fortes infestations, conseillez aux propriétaires exigeants de combiner différentes molécules et formes galéniques pour obtenir une protection renforcée.

Pour une efficacité maximum dès la sortie de l’officine, conseillez d’appliquer directement une lotion en spray en insistant sur les membres, la poitrine et la tête (en protégeant les yeux). Prenez l’exemple du bateau qui va fendre l’eau avec son étrave et l’avant de sa coque, de même le chien fend la prairie avec son poitrail, son cou et sa tête.

Pour ceux qui recherchent une protection longue durée contre les tiques, mais aussi contre d’autres parasites, vous pouvez combiner les produits. Les chiens ne sont pas très sensibles aux molécules comme le fipronil, les pyréthrinoïdes synthétiques qui sont associées avec AMM dans certaines spécialités, mais que vous pouvez aussi combiner de façon plus informelle (à vos risques et périls) : exemple deltaméthrine et fipronil.

— Pipette et spray : un spray mouillant rémanent selon un planning d’application renforcé (tous les 10 ou 15 jours), associé à un spot-on spécialisé (fipronil ou imidaclopride avec perméthrine) confère une excellente protection pour un cout abordable.

— Collier et spray : un collier spécialisé comme le Scalibor associé à l’application mensuelle d’un spray fipronil donne aussi d’excellents résultats. Elle ajoute à la protection antitique, les phlébotomes, les moustiques, celle contre les puces.

— Comprimés avec ou sans ordonnance et collier : la combinaison d’une protection systémique longue action (type fluralaner) et du local longue action (type collier deltaméthrine) confère une protection renforcée de grande qualité en toute simplicité. Exemple : Bravecto et Scalibor, protection puces, tiques, phlébotomes, moustiques… Deux administrations de comprimés et une pose de collier pour 6 mois de protection intégrale renforcée. Un bémol sur ce type de solution : le cout !

— Collier et pipette : la pose d’un collier type Scalibor et l’application d’une pipette à base de fipronil combine le renforcement local de la protection au niveau du poitrail, du cou et de la tête et l’élargissement du spectre de protection puces, tiques, phlébotomes, moustiques…

Toutes ces combinaisons ne s’appuient pas sur des AMM et restent à libre appréciation du pharmacien ou du vétérinaire. De plus, elles alourdissent le cout de protection, déjà élevé, mais les tiques transmettant des maladies mortelles comme la piroplasmose, de nombreux propriétaires sont prêts à investir sans compter dans la protection de leur chien.

Maladies transmises par les tiques 

— Piroplasmose : principale menace.

Transmise par les tiques, la babésiose, plus communément appelée piroplasmose tue ! Les chiens de chasse sont les victimes les plus courantes de cette maladie, mais tous sont susceptibles de l’attraper. Voilà pourquoi certains propriétaires sont prêts à investir lourdement pour protéger leur compagnon.

Rappelons que la babésiose est une maladie du sang due à un protozoaire, babésia canis, parasite des globules rouges. Cette maladie se caractérise cliniquement par de la fièvre, des urines souvent foncées, une anémie, et parfois un ictère.

Au comptoir, le propriétaire décrit des modifications du comportement du chien : il se renfrogne et n’est plus aussi actif que d’habitude. Souvent, il perd l’appétit, ou, au contraire, se met à manger beaucoup.

Il faut savoir expliquer la transmission de la maladie pour rassurer par rapport aux moyens de protection. C’est la tique qui transmet le parasite au chien, via sa salive injectée au moment d’aspirer le sang de l’animal. Si elle est retirée peu après sa fixation — dans les 24 à 48 heures — le risque de transmission est faible, d’où l’intérêt d’une surveillance attentive pour mieux lutter contre la maladie.

Toutes les tiques ne transmettent pas la piroplasmose (estimation entre 10 et 20 % d’individus contaminés). C’est au cours d’un cycle de reproduction assez complexe qu’une tique se contamine en absorbant du sang provenant d’un chien atteint de piroplasmose. Les piroplasmes vont se retrouver à l’état latent dans les muscles de l’acarien ; lors du repas sanguin avec un nouvel hôte, les piroplasmes migrent vers les glandes salivaires qu’ils atteignent aux alentours du troisième jour. La tique devient alors un véritable danger pour le chien puisqu’elle peut lui transmettre par sa salive la piroplasmose. Notez que l’affection n’est pas transmissible à l’homme ni aux autres animaux.

Le point clé à retenir est qu’une fois fixée sur l’animal, la tique risque de transmettre des maladies, mais seulement si elle peut s’y maintenir un certain temps : au moins 48 heures pour la piroplasmose. Voilà pourquoi enlever la tique, le plus rapidement possible, ou faire en sorte qu’elle se détache d’elle-même dans un bref délai est si important.

De plus, il faut éviter de laisser une partie de la tique fixée à l’animal lorsqu’on essaye de la retirer.

— Borréliose (maladie de Lyme) : comme chez l’homme, les tiques peuvent transmettre la maladie de Lyme due à un spirochète. L’infestation passe souvent inaperçue. Les symptômes sont les suivants : fièvre, perte d’appétit, boiterie, lymphadénopathie, splénomégalie... Il existe un traitement efficace à base de tétracycline. Il existe aussi un vaccin.

— Ehrlichiose : c’est une maladie infectieuse provoquée par une rickettsie. Les symptômes classiques sont : la fièvre, l’anorexie, des écoulements nasaux parfois hémorragiques, une diminution du nombre des plaquettes sanguines... Le traitement de l’ehrlichiose fait appel à l’administration d’antibiotiques.

— Réactions inflammatoires

Leur morsure provoque une réaction inflammatoire importante, fréquemment à l’origine d’abcès. Retirer complètement les tiques prévient ce type de complication.

— Spoliation sanguine

Les tiques peuvent être à l’origine d’une spoliation sanguine néfaste lors d’infestation massive ou sur un animal jeune ou de petit format. Plus vite elles sont éliminées et moins les dégâts sont importants.

Inspection et retrait des tiques 

Conseillez une inspection attentive après chaque journée d’exposition. En effet, si la tique est retirée peu après sa fixation — dans les 24 à 48 heures — le risque de transmission des piroplasmes est faible.

Comment retirer une tique accrochée au chien ? La tique s’insère grâce à son appareil buccal et pourra se briser si on la tire trop violemment. Il faut éviter de presser la tique entre les doigts alors qu’elle est encore fixée sur la peau du chien, car les substances toxiques et infectieuses qu’elle contient seraient alors injectées dans le corps de l’animal. 

Plusieurs techniques peuvent être utilisées. La première consiste à tuer la tique avant de la retirer (insecticides en spray…). La manœuvre est ensuite plus simple. Dans tous les cas, il ne faut pas tirer perpendiculairement à la peau, mais en rotation jusqu’à ce que la tique se décroche d’elle même. Certains crochets spéciaux peuvent être utilisés.

Le crochet en plastique est un crochet simple avec une fente pour une meilleure préhension (il se présente sous plusieurs formats à choisir selon la taille de la tique à ôter). Il indispensable de désinfecter les morsures des tiques avec un antiseptique après extraction. La meilleure façon de se débarrasser d’une tique morte ou vivante une fois extraite est de la brûler, car les œufs quelle contient peuvent contaminer l’environnement.

Cap sur la protection globale 

Votre conseil doit prendre en compte la durée et l’intensité d’exposition à l’infestation par les tiques.

— Protection courte durée : pour l’animal qui passe une journée à la campagne, la rapidité de protection prime la rémanence. Si le chien est déjà protégé par un moyen rémanent : pipettes spécialisées, collier, comprimés, tout va bien. Si le chien n’est pas protégé, le spray reste le moyen le plus simple et le plus efficace.

— Protection permanente : pour celui qui passe ses journées dans la végétation à longueur d’année. Conseillez de renforcer la protection en associant les différentes galéniques (voir plus haut).

L’action de protection globale, sur l’ensemble du corps, pour la période la plus longue possible, est la stratégie la plus adaptée.

Rayon

Dans votre stock doivent figurer les compartiments suivants :

1) Pipettes spécialisées avec friponil+perméthrine : Frontline TRI-ACT, Synergix, Perfikan...

2) Pipettes fipronil : Frontline Combo et classique, Fiprokil, Fiprodog…

3) Imidaclopride+perméthrine : Advantix spot-on, Ataxxa.

4) Collier deltaméthrine : Scalibor Collier, Canishield, Deltatic...

5) Colliers antipuce et antitique : Seresto, Parasikan…

6) Perméthrine seule : CANIguard ..

7) Formes en lotions spray à base de fipronil : Frontline, Fiprokil, FIPROtec…

8) Formes en lotions spray à base de perméthrine : CANIguard spray...

9) Comprimés (avec et sans ordonnance) : Avec = Bravecto, Nexgard, Crédélio, Simparica... Sans = Adtab, Frontpro

10) Pipettes (sur prescription)  : Vectra 3D

11) Outils d’extraction : crochet Tire-tic, crochet O’Tom, K.O tick…