Dossiers

Vos conseils pour l’épilepsie des chiens et des chats

Date de publication :
02/11/2020
Espéce :
Chat
Catégorie :
Dossiers

L’épilepsie est une maladie neurologique bien connue chez l’homme et qui se retrouve chez l’animal notamment chez le chien. Elle se traduit par des crises paroxystiques de perte de conscience ou de convulsions qui se manifestent régulièrement pendant une courte durée. En l’absence de traitement, elle va s’aggraver, ce dernier doit donc être prescrit à vie, adapté au cas par cas et faire l’objet d’un suivi régulier par les professionnels de santé. Dans les cas graves, elle représente une urgence vitale que vous devez adresser en urgence au vétérinaire.

 

Les ventes d’antiépileptiques dépassent 1,2 M€ (ventes HT) en pharmacie selon Offisanté, la pharmacie s’affirme donc comme un point incontournable de la délivrance et donc du suivi de l’épilepsie, comme l’attestent les nombreux appels sur notre ligne SOS de la rédaction.

Rappelons que tous les antiépileptiques allopathiques sont sur prescription, comme tous les médicaments à base de phénobarbital vendus comme tranquillisants en pharmacie.

Notons que pour les antiépileptiques, les vétérinaires rédigent des ordonnances et de ce fait les clients ont la possibilité d’acheter ces médicaments à la pharmacie.

Le pharmacien et son équipe doivent donc être techniquement au niveau pour conseiller les propriétaires de chats et de chiens épileptiques. En effet, le suivi d’une épilepsie exige de chaque acteur à son niveau, une bonne compréhension de la maladie. La coopération du propriétaire est indispensable pour une bonne observance, il doit pouvoir trouver à la pharmacie des conseils de base pour adapter le traitement selon l’évolution de la maladie et se voir orienté vers le vétérinaire lorsque cela s’avère nécessaire voir indispensables.

 

Bases à retenir 

 

Nous nous appuyons dans cet article sur une intervention récente de Stéphanie Piazza, vétérinaire neurologue, lors d’une formation sur « La neurologie au quotidien », organisée par l’association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) Auvergne — Limousin, à Varetz, en octobre 2019.

L’épilepsie est une maladie cérébrale caractérisée par une prédisposition du cerveau à déclencher des crises épileptiformes ou crises d’épilepsie, en pratique, au moins deux crises à plus de 24 heures d’intervalle. L’origine de l’épilepsie idiopathique (hors lésions cérébrales ou troubles métaboliques) est génétique (gène identifié, prédisposition raciale et/ou familiale) ou indéterminée. Les crises épileptiques sont consécutives à un déséquilibre entre excitation et inhibition neuronale, l’animal restant normal entre les crises. L’activité́ électrique anormale s’enclenche au niveau d’un foyer épileptogène (groupe de neurones). Elle peut rester localisée à ce foyer ou se propager dans le reste de l’encéphale (phénomène dit de recrutement). Des crises multiples provoquent une augmentation du nombre de cellules à haute capacité́ de décharge électrique (dites cellules pacemaker). Ce rôle aggravant des crises justifie la nécessité́ de la mise en place d’un traitement précoce de l’épilepsie. C’est le vétérinaire qui va faire le diagnostic à l’aide de multiples examens complémentaires, dont les dosages sanguins et l’IRM, en fonction aussi des moyens du propriétaire. Dans la majorité des cas, ce dernier vous informe que son animal est épileptique.

 

Signes d’épilepsie

 

Les vétérinaires distinguent deux types de crises selon leurs signes :

– Crises partielles/focales (peuvent se généraliser) : les signes sont parfois latéralisés ou n’impliquent qu’une partie du corps, avec ou sans perte de connaissance, comme des contractions, des mouvements d’un membre, de la tête, des tremblements des babines, de la peur, de l’agressivité́, l’animal ne reconnait pas son maître, il cherche des mouches imaginaires... Chez le chat, cela se traduit aussi par : mydriase, ptyalisme, émission d’urine…

– Crises généralisées : convulsions, perte de connaissance, ptyalisme, émissions urinaires ou fécales, contractions musculaires…

Notez que la fréquence des crises varie, mais que lors de crises groupées (plusieurs crises en 24 heures avec un animal normal entre les crises) ou de « status epilepticus » (crises durant au-delà̀ des 5 minutes ou succession de plusieurs crises sans que l’animal ne retrouve pas son état normal), vous devez conseiller de consulter le vétérinaire en urgence.

Parfois, les propriétaires arrivent à prévoir les crises, car elles sont précédées et suivies de différentes phases :

– Prodrome, durée de quelques heures à quelques jours : signes avant-coureurs divers…

– Aura, durée de quelques secondes à quelques minutes : elle précède la crise, à proprement parler avec des signes discrets.

– Crise, durée quelques secondes à plusieurs minutes : convulsions, perte de connaissance, défécations…

– Post-crise, durée variable jusqu’à 24 heures : ataxie, cécité́, agitation, polyphagie, sommeil…

 

Prise en charge vétérinaire de l’épilepsie

 

Un chien ou un chat doit être pris en charge par un vétérinaire pour mettre en place un traitement permanent. Pour arrêter une crise longue ou très intense, les praticiens utilisent le diazepam (Valium) ou le midazolam (Hypnovel). Puis ils prennent le relais avec l’administration systématique d’antiépileptiques.

Plusieurs études portant aussi bien sur le chien que sur l’Homme démontrent l’intérêt d’un traitement antiépileptique approprié précoce. Pour simplifier, sachez que les vétérinaires traitent si l’animal fait plus d’une crise tous les 6 mois ou que la crise dure plus d’une minute. Une fréquence ou une durée des crises qui augmente déclenche aussi un traitement. Certains vétérinaires recommandent de traiter systématiquement dès la première crise les races prédisposées aux formes sévères d’épilepsies : border collie ou les autres collies, berger australien, cane corso…

 

Traitements et suivi de l’épilepsie

 

Le traitement est mis en place par le vétérinaire. Il n’existe pas de traitement type, mais les ventes semblent indiquer que beaucoup de vétérinaires prescrivent le phénobarbital associé au bromure de potassium (Crisax). Ce médicament est dosé par comprimé à : phénobarbital 17 mg, bromure de potassium 100 mg, et bromocamphre 40 mg. La posologie chiens et chats : 1,7 mg de phénobarbital, 10 mg de bromure de potassium et 4 mg de bromocamphre par kg de poids corporel toutes les 12 heures, soit 1 comprimé matin et soir pour 10 kg de poids corporel. Malgré son succès, de nombreux neurologues vétérinaires comme Stéphanie Piazza, considère cette association comme peu adaptée à une gestion fine de l’épilepsie, car on ne peut pas augmenter séparément phénobarbital et bromure de potassium.

En première intention, les vétérinaires prescrivent donc le phénobarbital à la posologie de 1,7 à 3 mg/kg matin et soir, soit seul, soit associé au bromure de potassium. Il doit être administré à heures régulières (12 heures d’intervalle).

Le bromure de potassium est rarement utilisé seul : la posologie de départ est de 15 mg/kg matin et soir ou 30 mg/kg en une seule prise (risque d’irritation gastrique). Cette molécule est à utiliser avec précautions sur un insuffisant rénal chronique et surtout chez le chat !

Exemple de traitement pour un chien de 10 kg matin et soir : 30 mg de phénobarbital et 150 mg de bromure de potassium (versus 17 mg et 100 mg dans le Crisax).

L’autre molécule souvent prescrite est l’imépitoïne (Pexion 100 et 400 mg) à la dose de 10 à 20 mg/kg matin et soir.

En cas d’urgence, ce sont le diazépam et le midazolam qui sont prescrits. Le diazépam est parfois prescrit aux propriétaires pour administration par voie intrarectale (à la dose de 2 mg/kg). Vous devez proposer une seringue de 2 ml et bien expliquer le mode d’utilisation intra rectal, un peu effrayant pour certains propriétaires.

Les principes de base d’un traitement antiépileptique sont assez simples :

– Traitement à vie : à vous de rappeler aux propriétaires qu’on ne doit pas stopper un traitement même si tout va bien ; le vétérinaire peut envisager de diminuer puis de cesser un traitement antiépileptique après au moins un an sans crise ou en cas d’effets secondaires graves.

– Traitement à adapter au cas par cas : le dosage sanguin des médicaments et des paramètres biochimiques est indispensable. La concentration de phénobarbital n’est stable dans le sang qu’après 10 à 20 jours de traitement. Pour le bromure de potassium, 90 à 120 jours sont nécessaires. L’imépitoïne ou le levetiracetam peuvent être dosés au bout de quelques jours. Le vétérinaire peut ajouter un second antiépileptique sans retirer la première molécule.

Rassurez les propriétaires, un animal épileptique peut vivre bien et vieux, si son traitement est géré correctement. Propriétaire-pharmacien-vétérinaire, à chacun de jouer son rôle avec raison et motivation.

 

 Informez sur les effets secondaires des antiépileptiques

– Phénobarbital : polyphagie et polyuro — polydipsie, somnolence en début de traitement (1 à 2 semaines) ou suite à l’augmentation des doses. Attention, le propriétaire ne doit pas baisser les doses sur un animal un peu endormi, car cet effet secondaire reste transitoire, recommandez la patience jusqu’au prochain contrôle vétérinaire.

Indiquez que le phénobarbital provoque une augmentation des enzymes hépatiques dans une marge physiologique. Sa toxicité́ hépatique est rare aux doses habituelles. Le vétérinaire peut l’évaluer par un dosage des acides biliaires. Lors de suspicion d’insuffisance hépatique préalable au traitement, le phénobarbital n’est pas recommandé́ et le vétérinaire peut proposer une autre molécule (imépitoïne).

– Imépitoïne : à l’inverse du phénobarbital, l’imépitoïne (Pexion) présente peu d’effets secondaires, hormis une possible sédation ou un changement de comportement avec une possible agressivité́. L’efficacité peut s’avérer plus faible.

– Levetiracetam : cette molécule présente rarement d’effets secondaires, le principal étant la sédation. Elle est souvent prescrite en dernière intention.

– Chez le chat, le bromure de potassium peut être à l’origine d’une bronchite asthmatiforme (toux). En cas d’apparition d’une toux chez un chat, le propriétaire doit envisager rapidement l’arrêt du traitement avec son vétérinaire.

 

Votre conseil pour les dosages sanguins

Les dosages sanguins réguliers sont indispensables, mais ils grèvent le budget des propriétaires qui sont parfois réfractaires. Distinguez le dosage initial puis les dosages de contrôle, enfin le dosage de « crise » lorsque la maladie n’est plus sous contrôle et avant tout changement de dose.

– Dosage initial : trois semaines après le début du traitement pour le phénobarbital et quatre mois pour le bromure de potassium.

– Dosages de contrôle : tous les 4 à 6 mois dans l’idéal et au moins une fois par an si l’animal est équilibré.

– Dosage de perte de contrôle : systématique si l’épilepsie n’est plus contrôlée.

Conseillez à vos clients un suivi régulier des paramètres hépatiques ainsi que du cholestérol et des triglycérides. Attention aux pancréatites toujours possibles, notamment avec l’association phénobarbital et bromure de potassium (Crisax).

 

Épilepsie réfractaire au traitement

Une épilepsie réfractaire aux traitements classiques est rare. Elle se définit comme un mauvais contrôle des crises sur un animal recevant deux antiépileptiques de première ligne, bien utilisés, avec des concentrations sériques ne pouvant plus être augmentées. Dans ce cas, un troisième antiépileptique sera ajouté. Beaucoup plus fréquent, un échec thérapeutique lié à un traitement irrégulier ou inadapté́. Le bon conseil : un meilleur suivi par le vétérinaire avec un dosage sanguin du phénobarbital le cas échéant, ou un changement de molécule.

 

 

Rayon antiépileptiques et tranquillisants à base de phénobarbital

 

Molécule

Phénobarbital, bromure et bromocamphre

Imépitoïne

Phénobarbital, bromure et meprobamate

Phénobarbital

Bromure de potassium

Phénobarbital et bromocamphre

Nom déposé

Crisax,

Pexion 100 et 400 mg

Nervicanis

Phénoleptil, Epityl, Soliphen

Solibrome, Libromide

Antirutol

Dose initiale

1 cp/10 kg matin et soir

10 à 20 mg/kg matin et soir

1 cp/4 kg matin et soir

2,5 à 3 mg/kg matin et soir

15 mg/kg matin et soir

1 cp/10 kg matin et soir

Concentration sérique sable

10 – 20 jours

1 – 2 jours

 

10 – 20 jours

90 – 100 jours

1 – 2 jours

Vente en pharmacie

1er Leader +++

2e ++

3e ++

Phénoleptyl 4e

-

5e

 

 

Abonnez vous pour bénéficier d'un accés illimité au site et aux autres services (voir offre abonnement).

S'ABONNER

Vous êtes déja abonné(e) ou inscrit(e)? Connectez-vous

Pour lire la suite de cet article

Bénéficiez d'un accés limité à 6 article/mois.