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Vos conseils pour la lutte contre les coccidioses toutes espèces !

Date de publication :
16/02/2025
Espéce :
Lapin
Catégorie :
Dossiers

Tous les animaux peuvent être infectés par une ou plusieurs espèces de coccidies. Leur cycle évolutif complexe, à l'origine d'une reproduction rapide des parasites, ajouté à leur résistance non négligeable dans le milieu extérieur, contribue à l'omniprésence de la maladie.

De fait, la quasi-totalité des animaux se trouve exposée aux coccidies (Eimeria) à plusieurs reprises au cours de leur vie : chez la plupart d'entre eux, les parasites provoquent des lésions minimes et stimulent régulièrement une immunité protectrice. Ces parasites sont pathogènes surtout chez les jeunes animaux et la maladie apparaît s'ils sont infectés par un grand nombre de coccidies ou si leur statut immunitaire est affecté par le stress, la malnutrition ou une maladie intercurrente.

Vous devrez donc d'abord interroger vos clients sur leur mode d'élevage afin de cibler l'origine de l'émergence de cette maladie, si vous la suspectez, pour les conseiller d'abord sur l'amélioration des conditions d'élevage, puis sur les traitements préventifs et curatifs. 

Lutte sanitaire

Il s'agit d'interroger précisément vos clients sur leur mode d'élevage afin de découvrir les erreurs responsables de l'émergence de la maladie. En premier lieu, le logement des animaux : son entretien, son aération, le nombre d'animaux qui y vivent. Les bâtiments d'élevage sont les endroits où les ookystes infectants sont généralement les plus nombreux : en effet, la chaleur douce et l'humidité permanente qui peuvent y régner, surtout en l'absence d'aération suffisante, favorisent le déroulement de leur cycle. Toute surpopulation au sein des bâtiments accentue la pression parasitaire et favorise la contamination rapide des animaux.

Dans tous les élevages et en particulier au sein de ceux où la surpopulation est parfois quasi inévitable,  poulaillers, porcheries  (une truie et ses petits sont souvent logés dans un espace très restreint), cages à lapins (une cage en béton fait 80cm sur 80 cm pour une lapine et ses petits) il est nécessaire d'expliquer à vos clients l'importance de maintenir en permanence une litière propre et sèche au sein d'un bâtiment aéré afin d'éviter au maximum la sporulation des ookystes.

En second lieu, les modalités d'introduction des jeunes animaux : comment sont-ils logés à leur arrivée ?

Lors de toute nouvelle introduction de jeunes animaux au sein de tels élevages, il faut insister sur la nécessité de les loger dans un bâtiment préalablement nettoyé et séché et d'éviter tout contact avec les animaux plus âgés durant la phase d'adaptation.

En troisième lieu, s'intéresser aux animaux eux-mêmes : sont-ils correctement nourris ? les transitions alimentaires n'ont-elles pas été trop brutales ? sont-ils vermifugés ? n'ont-ils pas été excessivement stressés lors de leur transport ou à l'introduction dans l'élevage...

Il faut toujours garder en tête que tout facteur qui affecterait défavorablement le système de défense immunitaire des jeunes animaux peut déclencher une coccidiose.

Traitements préventifs réalisables

Vous pouvez conseiller, lorsqu'ils existent, la réalisation de traitements préventifs sur ordonnance sur les jeunes animaux au cours des périodes à risque, notamment en période néonatale, lors de leur introduction ou de surpopulation.

En élevages aviaire et cunicole, ainsi qu'en élevage de veaux ou d'agneaux de boucherie, il est encore possible d'utiliser des aliments supplémentés en additifs coccidiostatiques, ce qui est encore systématique au sein de grands élevages intensifs pendant toute la durée de vie des animaux. Tous ces produits sont sur prescription et leur usage limité voir interdit par la législation européenne.

En élevage cunicole, on peut utiliser  préventivement certains sulfamides 48 heures par semaine, entre 3 et 10 semaines d'âge (Amidurène, Cunicoxil, Metoxyl, etc) : on  couvre ainsi la période à risque comprise entre la sortie des petits du nid et le sevrage, période où les cages sont généralement surpeuplées.

En élevage porcin, Baycox 5% (ou ses génériques) est le seul anticoccidien indiqué dans la prévention des coccidioses du porcelet en période néonatale au sein des élevages contaminés : ils sont traités préventivement entre les 3ème et le 5ème jours, permettant ainsi la destruction pendant leur développement intestinal des coccidies ingérées avant la période où la maladie apparaît habituellement, entre 6 et 15 jours d'âge.

En élevage ovin, un anticoccidien est indiqué préventivement sur tous les agneaux d'un élevage, Vecoxan, en fin de première semaine de vie, au sein des élevages contaminés. Il agit de la même manière que le Baycox 5%. La maladie se déclenche habituellement entre 7 et 18 jours d'âge. En cas de forte pression parasitaire, on peut recommencer cette prévention 3 semaines plus tard. 

En élevage aviaire, il n'existe pas sensu stricto de produits destinés à la prévention des coccidioses. Les produits de traitement peuvent être utilisés à titre préventif lors des périodes à risque chez les jeunes animaux  âgés de 8 jours à 8 semaines, notamment Baycox 2.5% dont l'AMM précise justement cette possibilité d' « administration stratégique ».  Par contre, il existe des vaccins destinés aux poulets de chair (Paracox-5) et aux poules et coqs futures pondeuses et/ou futurs reproducteurs (Paracox-8)

Traitements curatifs

L'émergence de la maladie en élevage cunicole ou avicole nécessite généralement le traitement de l'ensemble des animaux. En élevage bovin, ovin, caprin ou porcin, le vétérinaire pourra juger de l'opportunité d'effectuer en plus un traitement individuel sur les animaux les plus atteints. Les traitements anticoccidiens sont tous sur ordonnance, mais en attendant, afin de limiter la diarrhée et l'effusion de sang conséquences de l'effet pathogène des coccidies, vous pouvez, pour certaines espèces, déjà conseiller des pansements gastro-intestinaux et des hémostatiques qui ne nécessitent pas de prescription :

Pansements gastro-intestinaux : seul disponible sur le marché en 2025  Kaopectate en suspension buvable pour bovins, ovins et porcins... Flacon de 180 mL et 480 mL.

Hémostatiques : Vitamine K Coophavet en sachet pour bovins, ovins, porcins et volailles.

Le traitement anticoccidien devra suivre, sur prescription. Les sulfamides sont très largement utilisés, de préférence en mélange dans l'eau, puisque les animaux boivent plus, éventuellement dans l'alimentation. Vendus en concentrations très variables selon les laboratoires producteurs et leur présentation (poudres, solutions), il faut toujours consulter leurs directives afin d'appliquer les doses prescrites. Certains peuvent nécessiter jusqu'à 15 jours de traitement : des précautions supplémentaires s'imposent donc lors de leur utilisation en dilution dans l'eau par temps chaud, la consommation accrue d'eau par les animaux pouvant mener à une toxicité hépato-rénale : le vétérinaire pourra même conseiller d'effectuer un traitement discontinu.

Sans prendre aucun risque, on peut retenir et citer Amidurène, en liquide à diluer dans l'eau, utilisable chez les bovins, ovins, caprins, porcins, lapins et volailles.  Les autres sulfamides, nombreux, ont des indications d'espèces plus limitées (Métoxyl non indiqué chez les porcins et les pondeuses, Amidurène spécifique volailles et lapins...).

Deux autres substances anticoccidiennes en solution, à donner dans l'eau de boisson, ne présentent pas la toxicité des sulfamides, mais leurs indications d'espèces sont plus restreintes : aucune n'est autorisée chez les pondeuses dont les œufs sont destinés à la consommation humaine. Il s'agit de l'amprolium (Némaprol) utilisable chez les bovins, ovins et volailles et du toltrazuril (Baycox 2.5%) destiné aux volailles.

 Lorsque le vétérinaire est amené à effectuer un traitement par voie injectable sur un animal particulièrement touché, il utilisera systématiquement un sulfamide : beaucoup d'entre eux sont utilisables indistinctement chez les bovins, ovins, caprins et porcins (Sulfalon, Sulfacycline, Borgal 24 %...). Il pourra effectuer en plus un traitement adjuvant à base d'antispasmodiques intestinaux (Estocelan), d'antihémorragiques (Hemoced), afin de limiter encore plus activement la douleur, la diarrhée et les saignements liés à l'effet pathogène des coccidies. Dans certains cas particulièrement graves, le vétérinaire devra effectuer un traitement réhydratant par voie intra-veineuse.

Par la suite, vous pourrez être amenés à revoir votre client car bien souvent, la récupération après une coccidiose est lente. Vous pourrez alors conseiller des suppléments nutritionnels ne nécessitant aucune prescription qui peuvent donner un « coup de fouet » aux convalescents et contenant notamment de la vitamine B12 , facteur hématopoïétique : entre autres Biovitase pour bovins, ovins caprins, porcins, lapins et volailles, Vitalic pour les volailles, Porcitonic pour les porcins, Assimilovet pour bovins, ovins et caprins.

Cycle évolutif du parasite

Toutes les coccidioses animales ont un cycle biologique comparable séparé en deux phases : une phase interne se déroulant exclusivement dans l'appareil digestif de l'animal parasité, et une phase externe se déroulant dans le milieu extérieur. Les coccidies se transmettent d'un animal à un autre sous la forme d'un élément infectieux sporulé appelé ookyste.

Un animal s'infecte en ingérant un ookyste sporulé. Le cycle de vie coccidien a lieu dans la muqueuse intestinale provoquant ainsi des dommages cellulaires responsables, en grande majorité, d'une diarrhée foncée, fétide et sanguinolente. Chez un veau, un seul ookyste pourrait provoquer la destruction de 40 millions de cellules intestinales !

Selon l'espèce infectée, le temps qui s'écoule entre l'ingestion d'un ookyste sporulé et l'excrétion d'ookystes non infectants dans le milieu extérieur avec les selles varie de 4 jours chez les volailles à 3 semaines chez les bovins. Toujours chez le veau, un seul ookyste sporulé peut engendrer la production de 23 millions de nouveaux ookystes non infectants en quelques semaines !

Ces ookystes excrétés, pour devenir infectants, doivent subir une sporulation dans le milieu extérieur : la durée de ce processus est intimement dépendant de la température extérieure et du niveau d'humidité : une incubation de 12 à 30 heures dans un environnement humide, à des températures variant de 20 à 30°C permet la sporulation des ookystes aviaires ; il faudra 3 à 5 jours à une température de 15 à 27 °C pour les ookystes bovins.

Sporulé, l'ookyste peut résister 6 mois à 1 an, protégé par une paroi épaisse qui le rend insensible à l'action de tous les désinfectants connus excepté les dérivés ammoniaqués. Par contre, il est sensible aux températures élevées : le feu ou la vapeur d'eau sous pression à 140°C le détruisent. Il ne supporte pas non plus la sécheresse.

 

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