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Vers des volailles : conseils et traitements

Date de publication :
25/12/2020
Espéce :
Basse-court
Catégorie :
Dossiers

Hormis le syngame, ver présent dans la trachée, les endoparasites des volailles siègent dans le tube digestif, affectant surtout les jeunes sujets jusqu’à 3 à 4 mois.

Les adultes en sont souvent porteurs en nombre relativement limité, sans que cela n’ait de répercussion sur leur aspect. Quels sont les principaux parasites et quels traitements sont prescrits ? C’est que l’équipe officinale doit maîtriser.

 

 

Au comptoir, un propriétaire de volailles d’agrément ou un petit éleveur vient vous solliciter soit en prévention, soit lorsqu’il est confronté à des troubles digestifs ou une baisse de ponte. Même parasitées, les poules peuvent rester grasses, avec la crête rouge, sans subir de diarrhée. Toutefois, la baisse de ponte est la sanction de ce parasitisme qui peut entraîner, par ailleurs, outre des diarrhées jaunes et mousseuses, l’amaigrissement des jeunes et leur éventuel décès si un traitement vermifuge adapté n’est pas conduit périodiquement.

 

Principaux vers intestinaux

 

Vers ronds (nématodes) :

 

• Ascaris : longs de 3 à 7 cm, d’un diamètre de 1 à 2 mm, ils sont très faciles à voir dans l’intestin ouvert d’une volaille (photo 2).

 

• Capillaires : longs de 1 à 1,8 cm, fins comme des cheveux, ils sont pratiquement invisibles à l’œil nu : en plus de l’intestin, ils peuvent parasiter le jabot (photo 3). On les repère à l’aspect de la paroi et grâce à un examen microscopique de la muqueuse du jabot est des intestins.

 

• Hétérakis : longs de 1 à 2,5 cm, d’un diamètre de 0,5 mm, ils peuvent être présents en grand nombre dans les cæcums.

 

Vers plats (cestodes) :

 

Ce sont les ténias dont il existe de nombreuses espèces. Certaines n’atteignent que 3 mm de long alors que d’autres mesurent jusque 10 cm. Ils sont formés d’une succession d’anneaux de taille croissante (photo 4). Ces ténias sont fixés à la paroi intestinale par leur tête (scolex) qui est munie d’un rostre portant des crochets et des ventouses.

 

 

Vers respiratoires (inter)

 

Vers rouge ou ver en Y ou Syngames

La syngamose est causée par un ver vivant dans la trachée, mesurant 2 cm de long, rouge, car hématophage (d’où l’appellation de « ver rouge ») avec un aspect typique en Y lié à l’accouplement permanent du mâle et de la femelle. Les troubles respiratoires engendrés par la présence de syngames, sont bien plus violents sur des sujets pesant moins de 500 g que ceux du coryza : il y a suffocation et rejet de mucosités mousseuses avec attitude très particulière dite « baille-bec » (tête basse et bec largement ouvert) pouvant aller jusqu’à l’étouffement.

Au fur et à mesure que les oiseaux grandissent, ces troubles diminuent d’intensité parce que la tranchée augmente de diamètre et qu’une résistance naturelle s’installe, enrayant le développement des syngames. La vérification de cette syngamose est aisée sur un cadavre puisque les vers rouge -vif sont visibles, par transparence, dans la trachée, elle-même facile à examiner après dépouillement du cou (photo 1).

Effets du parasitisme

 

Tous les vers ne présentent pas le même danger pour les volailles.

Les hétérakis, qui perturbent la synthèse des vitamines du groupe B, ne causent pas de troubles graves chez les poules, même présents en grand nombre.

• Ascaris : la présence de quelques ascaris n’entraîne aucun signe visible, mais une infestation plus importante provoque une entérite à cause de leur action traumatisante sur la muqueuse intestinale pouvant aller jusqu’à l’obstruction totale du tube digestif. Les ascaris privent préférentiellement leur hôte d’éléments essentiels à son alimentation tels que vitamines, oligo-éléments et certains acides aminés. Ils déversent dans son organisme des déchets métaboliques toxiques expliquant l’anémie, l’amaigrissement, les troubles digestifs et nerveux. De façon anecdotique, mais régulière, on peut retrouver des ascaris dans des œufs pondus par des poules parasitées.

• Les capillaires sont les plus dangereux, car ils sont souvent très nombreux et ont une action pathogène directe, avec amaigrissement extrême et mortalité chez les jeunes pouvant même aggraver une coccidiose latente et être à l’origine d’une surinfection bactérienne.

• Les ténias additionnent généralement leur présence à celle des vers ronds et aggravent les troubles causés par ces derniers. Il existe des téniasis aigus mortels chez certaines espèces d’oiseaux. Les symptômes causés par les vers sont résumés dans le tableau « symptômes d’infestation ».

À l’autopsie de sujets atteints, l’intestin se révèle congestionné et peut présenter de petits nodules sur sa paroi interne lors de présence de ténias ou de capillaires.

Modes de contamination

 Les vers pondent des œufs qui sont évacués avec les fientes des volailles et tombent sur le sol. En 10 jours à 1 mois, une larve se développe dans l’œuf qui peut produire un nouveau ver si l’œuf est avalé par une volaille qui picore le sol. Il s’écoule 30 à 50 jours selon les espèces entre l’ingestion de l’œuf par la poule et le moment où le ver est devenu adulte et capable de pondre à son tour. L’infestation est donc très rapide. Les œufs se conservent très longtemps dans le sol où il est très difficile de les détruire.

Certains vers ont un cycle plus compliqué, dit « indirect » : c’est le cas de certains ténias et de certains capillaires dont les œufs ne peuvent pas infester directement une autre volaille. Il faut impérativement que ces œufs soient absorbés par un hôte intermédiaire (ver de terre, limace ou insecte selon les vers) dans lequel ils donnent une larve. La volaille s’infeste en mangeant cet hôte intermédiaire et en absorbant ainsi les larves enkystées dans les tissus de l’hôte intermédiaire.

 

Les terrains infestés

 

Les abords des poulaillers, les enclos où sont parquées les volailles, sont les terrains les plus massivement infestés. Les poules saines qui y sont placées peuvent, en quelques mois, être gravement parasitées. L’humidité favorise la survie des œufs de vers et augmente les risques du parasitisme. Le déparasitage du milieu extérieur peut se conduire au choix au moyen de :

• sulfate de fer : 4 kg aux 100 m², 2 fois par an

• cyanamide calcique : 2 kg aux 100 m²

• (sulfate de cuivre : 400 g aux 100 m²)

 Les causes favorisant le parasitisme

 

Tout ce qui diminue la résistance des volailles favorise le parasitisme : une alimentation déséquilibrée, des carences en vitamines (surtout la vitamine A et celles du groupe B) augmentent la gravité du parasitisme qui, lui-même, a un effet spoliateur sur les vitamines du groupe B.

Les jeunes sujets, moins résistants, sont les premières victimes alors que les adultes semblent ne pas être incommodés. Il est donc prudent de distribuer régulièrement des CMV (complément minéral vitaminé). Il existe plusieurs produits disponibles pour votre stock.

Voici un exemple de supplémentation :

– Vitavil Amine, à raison d’une cuillerée à café rase par 8 litres d’eau de boisson, une fois par semaine et Lactacal, complément alimentaire minéral avec oligo-éléments, liquide, à raison d’une cuillerée à café (5 ml) pour 10 litres d’eau de boisson, une fois par semaine.

– Biovitase à raison de 5 ml pour 5 litres d’eau 1 fois par jour pendant 8 jours.

 Traitements : mode d’emploi

1) Prévention et traitement individuels : il existe des comprimés qui permettent un traitement individuel. Cette solution demande à l’éleveur de prendre ses animaux un par un pour leur faire avaler le comprimé. Néanmoins, il s’assure ainsi que chaque individu a reçu la bonne dose du médicament prescrit.

Pour réparer rapidement les muqueuses lésées par les vers, et compenser les carences éventuelles en vitamines B, il convient après vermifugation d’administrer un CMV comme le Vitavil Aminé ou Biovitase.

 

2) Prévention et traitement par l’eau de boisson : les médicaments peuvent être administrés le matin dans une quantité d’eau légèrement réduite par rapport à la consommation journalière. La quantité du médicament versée dans cette eau doit correspondre à celle qui serait mise dans une quantité d’eau consommée en une journée. Les sujets traités seront libérés après consommation quasi totale de l’eau médicamentée. Il est indispensable de renouveler la solution chaque jour, et de jeter le reliquat s’il en reste.

 Fréquence des traitements

 

La fréquence des traitements dépend du niveau d’infestation de l’élevage : on ne peut fixer de règle absolue. En élevage fermier ou familial, très infesté en général, il est recommandé de traiter préventivement tous les 2 à 3 mois. Tous les oiseaux doivent être traités au même moment de façon à limiter le risque qu’une espèce devienne réservoir de parasites pour les autres.

Attention cependant à bien suivre les recommandations du prescripteur en ce qui concerne le choix des produits par rapport à leurs délais d’attente avant consommation des œufs, ou des animaux le cas échéant.

 

 

Symptômes d’infestation 

 

Symptôme

Vers responsables

localisation

Amaigrissement

Tous, sauf hétérakis

Selon espèce

Retard de croissance, hétérogénéité

Tous, sauf hétérakis

Selon espèce

Diarrhée

Tous sauf syngames

Selon espèce

Diarrhées hémorragiques

Taenia

jéjunum

Chute de ponte

Tous, sauf hétérakis

Selon espèce

Baisse de qualité de coquille

Tous, sauf hétérakis

Selon espèce

Toux

Ascaris, Syngames

Passage dans le larynx (larves d’ascaris) ; Trachée (syngames)

Bâillements

Syngames

Trachée

Mortalité

Capillaires par amaigrissement

Syngames par étouffement

Jabot

Trachée

 

 

 

Produits à tenir en stock

 

1) Vermifuges pour petits élevages de volailles

Nom

Laboratoire

Présentations

Prix achat HT €

Sur prescription

 

 

 

Polyvermyl (rupture)

Inovet Biové

50 cp

7,40

Biaminthic 5%

Innovet Biové

250 mL

8,40

CC Vers

Innovet Biové

125 mL

4,50

Teniverm 0,5

Inovet Biové

50 cp

5,80

Teniverm 3

Inovet Biové

50 cp

8,40

Capizol

Virbac

100 mL

6,20

Soluverm

Inovet Biové

60 mL

4,80

Soluverm

Inovet Biové

250 mL

8,20

Pipérazine 35

Dopharma

1 L

14,60

Naturel sans prescripton

 

 

 

Parasites internes MBC

Biocanina

30 mL

10,40

 

2) Vermifuges sur prescription et hors AMM

• Vermifuges voie orale : Plurivers, Opovermifuge, Panacur 250

• Vermifuges bovins pour syngamose : Dovenix

• Vermifuges Spot on : Advocate 40 mg + 4 mg, Stronghold 15 mg rose, Bravecto Plus Spot-on 112,5 + 5,6 mg…

3) Aliment complémentaire : Complexe multivitaminé

• Biocalphos, Biovitase, Lactacal, Vitavia, Vitavil Aminé…

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