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Vermifuges équins : faciliter les traitements
La question des vermifuges revient souvent à l’officine. Toute l’équipe doit revoir ses classiques. Quels conseils pour quel cheval ? Quels conseils pour quel propriétaire ? La vermifugation est un acte essentiel au bien-être et à la santé du cheval. Les laboratoires proposent une variété de formes galéniques et de principes actifs pour que l’administration soit aisée et l’efficacité optimale, encore faut-il s’y retrouver.
Bon an mal an, la pharmacie réalise plus de 35 % des ventes de vermifuges équins, tous circuits confondus. Rappelons d’emblée que tous les vermifuges à l’exception du Strongid pâte sont sur prescription vétérinaire. Sur présentation d’une ordonnance, vous allez délivrer un vermifuge recommandé par le vétérinaire. Votre valeur ajoutée, c’est de proposer la bonne présentation en fonction du nombre d’animaux à traiter : unitaires ou packagings groupés avec un prix par seringue inférieur de 7 à 10 %. Sachez que plus de 60 % des vermifuges sont vendus sous forme de pack et 40 % sous forme individuelle. Enfin rien ne vous interdit de discuter des différentes alternatives de traitement, à charge pour le client de présenter une ordonnance valide, après avoir abordé la question avec son vétérinaire.
Rappelons que le marché se concentre toujours sur trois laboratoires : Merial (Eqvalan et Furexel), Zoetis (Alverin, Equest, Equest Pramox, Strongid pâte) et Virbac (Equimax et Eraquell). Challengers : Audevard (Hippomectin et Hippopraz), Biové (Divamectin), Ceva (Bimectine), Decha (Iverpraz)...
Au printemps, le bon conseil doit prendre en compte les strongles et les cyathostomes ou petits strongles qui représentent une menace sérieuse pour les chevaux au pâturage. Il doit aussi viser à réussir, sans trop de difficulté, l’administration du vermifuge, ce qui suppose la prise en compte des goûts et du caractère de chaque cheval, ainsi que son mode de vie (seul ou en groupe, au pré ou en boxe) afin de déterminer la galénique idéale.
Classiquement, les propriétaires disposent des pâtes ou gels oraux et des granulés. Ces formes restent majoritaires sur le marché du vermifuge et conviennent à un grand nombre de chevaux, mais pour certains l’administration est très difficile d’où le recours aux comprimés et à l’administration par sonde (vétérinaire). Afin de conseiller de manière adéquate les clients qui se présentent au comptoir, il est important de poser les questions concernant le caractère du cheval et son mode de vie.
Formes galéniques à disposition
1) Pâtes orales ou gels oraux
La majorité des vermifuges sont présentés sous cette forme. Une seringue graduée en fonction du poids du cheval permet d’administrer la dose nécessaire à chaque cheval sans surdosage. L’administration n’est pas toujours simple c’est pourquoi, certains laboratoires proposent aussi des pâtes aromatisées plus appétentes comme le Panacur (fenbendazole) Pâte Pomme Cannelle ou la Bimectine (ivermectine) aromatisée à la pomme. Depuis quelques années des seringues pour 700 kg sont disponibles, ce qui permet d’éviter un éventuel sous-dosage sur des grands chevaux de selle, des juments gestantes ou des chevaux lourds. Chaque fabricant rivalise de praticité pour la seringue de façon à aider le propriétaire. A molécule identique, n’hésitez pas à signaler les produits les plus pratiques.
2) Granulés dans l’aliment et solution buvable
Des vermifuges sont disponibles sous forme de granulés ou de solution buvable que l’on mélange à l’alimentation. Il n’existe aucune avermectine sous cette forme, ce sont uniquement des benzimidazoles et leur nombre est réduit.
D’une manière générale, les formes à mélanger dans la ration présentent un gain de temps non négligeable pour les gros effectifs. En revanche, ils sont à déconseiller si le cheval à tendance à trier son alimentation. Il y des risques de sur et de sous dosage en cas d’alimentation collective chez les individus d’un même lot.
3) Comprimés à croquer aromatisés
L’Equimax 150 mg/20 mg est un comprimé à croquer appétent, à base d’ivermectine et de praziquantel. L’Eraquell Tabs de Virbac est un comprimé appétent à base d’ivermectine uniquement. Ce comprimé se présente comme une friandise. Moins stressé, l’animal est donc naturellement plus enclin à ingérer l’intégralité de la dose administrée, ce qui assure une efficacité accrue du traitement et une limitation du risque de résistances lié au sous-dosage. Ces deux comprimés permettent de proposer une vermifugation sans contrainte aux chevaux difficiles tout au long de l’année. Le seul inconvénient est leur coût.
4) Sondage nasogastrique
Pour les chevaux très difficiles, le vétérinaire peut administrer les vermifuges par sondage nasogastrique pour placer le vermifuge directement dans l’estomac du cheval. Il utilise souvent des vermifuges pour bovins comme le Panacur (hors AMM).
5) Vermifuges injectables
L’ivermectine et la moxidectine existent sous forme injectable. Comme elles sont disponibles sous forme orale, et qu’elles sont beaucoup plus économique sous forme injectable pour bovins, certains éleveurs ou responsables de club équestre n’hésitent pas à les employer hors AMM et à leur risque et péril. Retenez que la responsabilité du prescripteur est engagée en cas d’accident.
Faire coïncider choix de la galénique et molécules
Au printemps, l’infestation par les strongles est l’une des causes de parasitisme les plus fréquentes, affectant les chevaux de tous âges, au pré ou à l’écurie.
Trois molécules sont adaptées pour un traitement adulticide et larvicide : la moxidectine, le fenbendazole (Panacur Equine Guard) et l’ivermectine.
— L’ivermectine, selon les informations de l’AMM agit sur presque tous les parasites importants au printemps, et donc aussi sur les : « petits strongles y compris les souches résistantes aux benzimidazoles, adultes et immatures ». Cela signifie que les produits à base d’ivermectine sont actifs. Simplement, leur AMM ne précise pas le type d’activité sur les « immatures », notamment si les larves EL3 sont concernées, à quel pourcentage et sur quelle durée. En fait, l’ivermectine (0,2 mg/kg) n’est efficace que sur les stades larvaires libres ce qui représente au maximum 30 % des cyathostomes présents chez un cheval. Cependant, chez l’animal sain, certains parasitologues préconisent de ne pas traiter systématiquement les larves enkystées, car leur présence limiterait le risque d’apparition de résistances aux endectocides. Bien évidemment, l’action des spécialités à base d’ivermectine concerne aussi les tous les autres parasites majeurs du cheval : ascaris, grands strongles, gastérophiles… Sur le terrain, cette molécule reste la plus prescrite et la plus vendue. Elle est disponible à la fois sous forme de pâte et de comprimés. C’est aussi la plus économique.
— La moxidectine (0,4 mg/kg) et le fenbendazole à dose larvicide (7,5 mg/kg/j pendant 5 jours) sont les seules molécules à disposer d’un spectre complet sur tous les stades de petits strongles : adultes, larves libres, larves enkystées et larves enkystées-inhibées. La moxidectine a la particularité de présenter une rémanence de 2 semaines et de supprimer l’excrétion des œufs pendant 90 jours. Produits : Equest, Equest pramox.
— Benzimidazoles et autres : classiquement les AMM des benzimidazoles concernent les grands et petits strongles, mais sans préciser s’il s’agit des adultes. Selon les différentes études dont on dispose, leur activité se réduit sur les formes larvaires en hypobiose et enkystées. Il faudrait augmenter la posologie et la durée d’administration pour obtenir un effet significatif, c’est en tout cas ce que prouve l’AMM obtenue par Panacur Equine Guard.
Conseils pratiques
Au comptoir, vérifiez l’ordonnance, signalez les formes pack qui font faire des économies, clarifiez le calendrier de vermifugation des chevaux concernés. Informez-vous sur les traitements anthelminthiques précédemment administrés et leur fréquence d’administration. D’un point de vue technique, les vétérinaires recommandent d’alterner avec les lactones macrocycliques (ivermectines ou moxidectine), à la belle saison, un vermifuge à base de dérivés du benzimidazole ou de pyrantel. Ils conseillent aussi ces produits chez le poulain. La tendance est aux coproscopies pour des traitements individualisés. Certains jeunes chevaux sont traités tous les mois, d’autres deux fois par an, tout dépend de la situation de l’individu et de
Rayon vermifuges équins
1) Ivermectine pâte (sur prescription) : Eqvalan, Eraquell, Furexel, Bimectine, Alverin, Divamectin, Hippomectine…
2) Ivermectine+praziquantel pâte (sur prescription) : Equimax, Eqvalan duo, Furexel combi, Noromectin praziquantel Duo, Iverpraz...
3) Moxidectine (praziquantel) (sur prescription) : Equest, Equest Pramox.
4) Pyrantel (sur prescription) : Strongid pâte chevaux.
5) Granulés fenbendazole : Panacur Equine Guard.
6) Pâtes arômatisés : Bimectine (ivermectine), Panacur pâte (fenbendazole)…
7) Comprimés hydrodispersibles : Eraquell Tabs 20 mg (ivermectine), Equimax 150 mg /20 mg (ivermectine+praziquantel)
8) Pâtes chevaux lourds (jusqu’à 700 kg de PV) : Eraquell, Equimax, Hippopraz 800, Alverin…
5 calendriers à connaître :
Classe d’âge |
Rythme de vermifugation |
Poulains |
Premier traitement entre 1 et 2 mois (ascaris et strongyloïdes). Vermifuge tous les 2 mois, et avant le sevrage et les allotements. |
Yearlings |
4 fois par an : Mars/Avril, fin Juin, Septembre et Décembre |
Juments suitées |
Vermifugation dans les 15 jours qui suivent la mise-bas. Si risque de strongyloïdose, vermifuger le mois précédant la mise-bas. |
Adultes au box |
3 fois par an : Mars/Avril, fin Juin, fin Septembre |
Adultes aux pré |
3 à 4 fois par an : mise à l’herbe (Mars/Avril), fin Juin, fin Septembre et à la rentrée au box (fin Novembre) |
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