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Vermifugation du chien de chasse : suivre le cap ESCCAP  !

Date de publication :
09/10/2025
Espéce :
Chien
Catégorie :
Dossiers

 

La vermifugation des chiens est un sujet central en santé animale, mais les chiens de chasse présentent un risque parasitaire accru du fait de leur mode de vie : déplacements en milieux infestés, consommation de proies sauvages, exposition aux parasites digestifs et tissulaires. En officine, bien connaître les recommandations de l’ESCCAP* France est indispensable pour proposer des traitements adaptés et sécurisés.

 En officine, vous êtes un acteur essentiel de la prévention parasitaire. Pour les chiens de chasse comme pour les autres, rappelons la clé d’un conseil efficace :
1) Mettre en œuvre la méthode ACF et confirmer le profil de risque élevé du chien de chasse. Rappelons le classement des chiens en 4 groupes, tel que préconisé par l’ESCCAP (voir arbre décisionnel), selon des critères bien précis. Les chiens de chasse font partie du
Groupe D.

2) Adapter la fréquence et le spectre des vermifuges.
3) Expliquer avec pédagogie l’intérêt d’un protocole rigoureux, d’où l’intérêt de s’appuyer sur ESCCAP pour convaincre du caractère scientifique de votre conseil.
4) Contribuer activement à la lutte contre les zoonoses.

En suivant les recommandations de l’ESCCAP, vous apportez un service de santé publique et animale de qualité, reconnu et apprécié des propriétaires chasseurs.

Pourquoi vermifuger le chien de chasse ?

Les chiens de chasse peuvent contracter :

– Les nématodes digestifs

·       Toxocara canis (ascaris), transmissible à l’homme (zoonose).

·       Ancylostoma et Uncinaria (ankylostomes), responsables d’anémie.

·       Trichuris vulpis (trichures).

– Les cestodes

·       Dipylidium caninum (puce intermédiaire).

·       Taenia hydatigena et Taenia multiceps (ingestion de viscères contaminés).

·       Echinococcus granulosus (hydatidose), parasite majeur des zones rurales.

– Parasites pulmonaires et cardiaques

·       Angiostrongylus vasorum (ver pulmonaire), contracté par ingestion de gastéropodes.

·       Crenosoma vulpis (ver des bronches).

Protozoaires

·       Giardia, fréquent chez les chiens qui boivent l’eau stagnante.

 Ces expositions multiples justifient une vermifugation plus fréquente et ciblée que celle recommandée pour un chien de compagnie classique.


Fréquence de la vermifugation selon l’ESCCAP

 L’ESCCAP recommande une approche par profil de risque.
Le chien de chasse fait partie du groupe de haut risque, avec la fréquence suivante :

·       Tous les 1 à 2 mois pour les nématodes et cestodes intestinaux.

·       En zone d’endémie d’échinococcose (ex. sud-est de la France), un traitement tous les 4 à 6 semaines.

·       Déparasitage complémentaire après chaque saison de chasse active (surtout ingestion de proies).

En plus de ces traitements réguliers, un vermifuge doit être administré :

·       Avant la période de chasse.

·       Après la saison de chasse, pour éliminer les parasites contractés.

 

Choix des molécules

Le spectre doit couvrir :
– Nématodes intestinaux et trachéobronchiques
– Cestodes intestinaux, y compris Echinococcus
– Protozoaires selon le contexte

Les principales familles de molécules :

·       Benzimidazoles (fenbendazole, flubendazole) : actifs sur nématodes et Giardia.

·       Pyrantel embonate : ascaricides et ankylostomicides.

·       Praziquantel : indispensable contre les cestodes.

·       Milbémycine oxime et moxidectine : efficacité sur certains parasites digestifs et larves cardiaques.

En officine, privilégiez toujours un produit combiné, sauf prescription contraire (voir tableau). Deux grandes typologies de vermifuges sont plus employées : Milbemax et ses génériques — Drontal et ses génériques. Pour Giardia, Panacur est le vermifuge le plus employé. Contre les larves, Profender sous forme d’os à croquer s’avère efficace.

 

Rappels de sécurité et précautions

·       En cas d’infestation massive, répéter le traitement 10 à 14 jours après.

·       Sensibiliser aux zoonoses (toxocarose, échinococcose) : hygiène stricte après manipulation.

 

Conseils additionnels du pharmacien

 

1) Éducation du chasseur

·       Expliquez pourquoi une vermifugation classique trimestrielle est insuffisante.

·       Précisez qu’un chien en bonne santé apparente peut excréter des œufs.

·       Encouragez la pesée régulière du chien avant toute administration.

 

2) Association avec antiparasitaires externes, ventes associées


La lutte contre les puces (vecteur du Dipylidium) et les tiques reste indispensable en parallèle : fipronil, perméthrine, isoxazolines.

 

3) Contrôle vétérinaire régulier


Les vétérinaires recommandent un examen coproparasitaire annuel qui permet d’adapter le protocole. Dans la pratique, peu de vétérinaires le pratiquent.

Voilà toutes les données scientifiques qui font de vous un expert accessible et compétent pour conseiller des vermifuges sans ordonnances pour les chiens de chasse.

 

 Vermifuges adaptés aux chiens de chasse

Produit commercial Spectre couvert Spécialités
Milbemax et génériques Nématodes + Cestodes + prévention dirofilariose Milprazikan, Milbetel, Verkill…
Drontal et génériques Nématodes + Cestodes Strantel, Ascatry trio, Voxical, Frontcontrol Wormer...
Panacur 250 et 500 Nématodes + Giardia (indication spécifique)  
Profender Cestodes + Nématodes  

 

Si la chasse est en zone endémique d’échinococcose, le praziquantel est impératif.
Attention : la posologie dépend du poids et doit être vérifiée.

 *ESCCAP (European Scientific Counsel Companion Animal Parasites)

 

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