Dossiers

Ver du poumon chez le chat

Date de publication :
04/03/2021
Espéce :
Chat
Catégorie :
Dossiers

Aelurostrongylus abstrusus encore appelé « ver du poumon » du chat fait parler de lui dans les médias. Les signes d’infestations sont peu spécifiques, mais l’hypothèse d’une infestation doit être envisagée lors de troubles respiratoires qui résistent au traitement. Faut-il envisager une prévention systématique avec des molécules spécifiques ? Pour l’instant pas de panique, l’affection reste rare.

Un chat qui tousse ? Les traitements classiques ne marchent pas ? L’émergence de parasitoses très rares liées peut-être au réchauffement climatique, impose au vétérinaire d’intégrer dans sa réflexion diagnostique un certain nombre d’hypothèses autrefois improbables comme celle de l’infestation par Aelurostrongylus abstrusus, un parasite pulmonaire, responsable de la toux. Par ailleurs, plusieurs vermifuges intègrent cette indication et en font un argument de communication pour revendiquer leur spectre plus large que les vermifuges classiques, actif sur ascaris, ankylostomes et ténias.

Aelurostrongylus abstrusus 

Aelurostrongylus abstrusus est un nématode de la famille des Angiostrongylidés, c’est un parasite du chat. Ce dernier se contamine par l’ingestion d’un hôte intermédiaire, par exemple une limace ou un escargot ou par l’ingestion d’un hôte paraténique comme un oiseau ou un rongeur, un batracien, un reptile… Les larves de différents stades vont migrer à partir du tube digestif, par voie lymphatique, jusqu’au cœur droit et à l’artère pulmonaire. Les vers adultes hématophages se développent dans l’artère pulmonaire et dans les bronches. Les larves remontent vers le pharynx (le diagnostic est possible par un lavage broncho-alvéolaire) où elles sont dégluties et se retrouvent dans le tube digestif. Ce sont ces larves, dites L1, que l’on retrouve en coproscopie et qui sont évacuées dans le milieu extérieur ou elles contaminent à nouveau un hôte intermédiaire.

 

Signes au comptoir

Les signes d’infestations sont peu spécifiques, principalement respiratoires : toux, sifflements respiratoires, éternuements, dyspnée, bronchite…

L’hypothèse d’une infestation doit être envisagée lors de troubles respiratoires qui résistent au traitement antibiotique et anti-inflammatoire classique, le diagnostic vétérinaire passe par la radiologie et la recherche des parasites par une coproscopie et un lavage broncho-alvéolaire.

Affection fréquente ou rare ?

Le sujet est un peu polémique, car selon les laboratoires les conclusions sont différentes. Ainsi une étude de Gianelli A., Capelli G. (Lungworms and gastrointestinal parasites of domestic cats : an European perspective —International Journal for Parasitology (2017) 47(9): 517-528) affirme que le ver du poumon touche un chat sur 10 en Europe. En France, on le retrouve principalement dans le sud-ouest où l’affection sévit sous forme de foyers localisés, principalement en zone rurale, mais le parasite pourrait être réparti sur l’ensemble du territoire national. Selon certains auteurs, ses aires de présence seraient en extension ; en effet des cas sont identifiés dans les écoles vétérinaires ou dans certaines cliniques spécialisées.
 On peut en conclure que c’est une parasitose émergente, mais encore rare, concernant uniquement les chats qui sortent et qui chassent ou les très jeunes qui vivent à l’extérieur.

Un traitement annuel de prévention devrait suffire pour ces sujets exposés, ou être indiqué en cas de manifestation de toux ou de troubles respiratoires.

La prophylaxie
 consisterait à empêcher les chats de sortir ! Ou, lorsqu’ils sont à l’extérieur, de consommer des proies, ce qui n’est pas réaliste.

Traitements

Plusieurs anthelminthiques, tous sur prescription, sont efficaces chez le chat : éprinomectine (Broadline), moxidectine (Advocate), emodepside (Profender), fenbendazole (Panacur hors AMM)… En cas d’infestation importante et de troubles respiratoires d’origine pulmonaire, le traitement spécifique pourra s’accompagner de l’utilisation de corticoïdes pour éviter un choc dû à la lyse des parasites dans la circulation. Les vétérinaires associent souvent prednisolone et enrofloxacine au traitement antiparasitaire. Le pronostic est bon si le traitement est précoce. On note rapidement à une amélioration des signes, avec normalisation de l’état général après quelques mois. 

Voici donc les informations que l’équipe officinale doit connaître sur ce sujet.

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