Dossiers
Panorama des parasites des ovins
Le conseil en antiparasitaires pour ovins s’avère important dans certaines officines, notamment en montagne. Il suppose une connaissance de base des parasites qui sévissent chez les ovins, ainsi que des principaux traitements comme l’ivermectine, le fenbendazole, le closantel et la moxidectine.
Voici une revue des principaux parasites rencontrés en élevage ovin.
1) Strongles : les parasites les plus fréquents !
Les parasites de la caillette du genre Ostertagia et haemonchus sont les plus fréquents parmi toutes les helminthoses chez les ovins. Le printemps est la période de contamination maximale et donc les strongles digestifs apparaissent en nombre important dès le mois de juin. Ce sont les agneaux qui sont les principaux touchés et en particulier l’agneau d’herbe. Chez eux, les symptômes sont violents : amaigrissement, anorexie, anémie (les strongles sont hématophages), entérite et parfois mort en 10 jours pour les formes suraiguës. Chez les adultes, on rencontre plutôt : dépérissement en hiver, épisodes diarrhéiques et œdème de l’auge.
Les répercussions zootechniques et pathologiques sont importantes dès la première saison d’herbe et à partir du sevrage. L’incidence des strongles digestifs sur la croissance a été estimée à moins de 5-6 kg entre les agneaux non traités et les agneaux protégés.
Chez les ovins, notez l’existence du « post parturient rise ». Il s’agit d’un phénomène apparaissant chez la brebis après le part, et qui se traduit par une augmentation intense du nombre de strongles. Conseillez une vermifugation des brebis au cours du dernier tiers de leur gestation.
Si des diarrhées apparaissent chez des agneaux en été, vous pouvez toujours conseiller de faire des coprologies pour diagnostiquer la strongylose.
• Conseils
Il faut traiter au moment stratégique et insistez sur l’importance que représente une bonne appréciation du poids des animaux, voilà deux points importants pour obtenir le maximum d’efficacité. Vous devez le rappeler à l’éleveur.
Conseillez de traiter les brebis 2 semaines avant la mise bas, tous les animaux avant la mise au pâturage, puis les adultes à la mi-juin et les agneaux au sevrage et fin août. Si des diarrhées apparaissent, il faudra traiter en cours de saison.
• Veiller à la posologie chez les ovins
Attention à la bonne posologie et au « bon moment » pour réduire le risque de développement de « résistances ou d’accoutumances » des strongles aux antiparasitaires.
On accuse parfois à tort les molécules d’inefficacité. Pourquoi ? La pratique des traitements antiparasitaires sur les brebis et les agneaux s’enlise parfois dans une routine néfaste. Ainsi, la quantité de médicament à administrer est établie par estimation visuelle du poids des brebis. Poids qui présente des variations importantes en fonction de la race, de l’état physiologique, du régime alimentaire... Il existe des variations de 13 kg en moyenne entre les différentes catégories d’animaux. Si les traitements antiparasitaires sont réalisés pour un poids standard de 60 kg, alors que les valeurs extrêmes sont comprises entre 45 kg et 90 kg, le traitement antiparasitaire ne sera actif que sur les animaux dont le poids est inférieur à 60 kg estimé. En revanche, pour les autres, la quantité d’anthelminthique administrée sera en sous-dosage. Ce dernier peut être encore aggravé par l’utilisation des pistolets doseurs défectueux.
- Traitements contre les strongles par voie orale : Panacur 2,5 %, Hapadex Suspension orale à 100 mg/ml et 50 mg/ml, Valbazen 1,9 % Moutons et chèvres, Disthelm 2,5 %...
- Traitements contre les strongles par voie orale à base d’ivermectine : Baymec solution buvable pour ovins, Oramec Ovins solutions buvables...
- Traitements contre les strongles par injectable : Ivomec Ovins injectable, Cevamec Bovins-ovins injectable, Prevansa 5 mg/ml/125 mg/ml Solution injectable pour bovins et ovins...
2) Grande douve : forme aiguë en hiver
Elle se rencontre chez les animaux de tous âges surtout après des été chauds et humides et dans les zones de prairies marécageuses. Le parasite est le même que celui rencontré chez les bovins.
La forme chronique est la plus fréquente. On la rencontre au printemps avec : inappétence, retard de croissance, laine qui s’assèche et qui tombe.
La forme aiguë en hiver peut être suivie de mort après anémie, ascite et hépatite nécrosante.
Attention : en hiver, méfiez-vous des animaux sévèrement « pâles » et, au printemps, des dépérissements et mauvais état général.
Demander toujours si un vermifuge fasciolocide a été entrepris.
• Conseils
Conseillez de traiter tout le troupeau à l’automne, puis de déplacer le troupeau sur un herbage sain sinon traiter 2 fois à 3 semaines d’intervalle.
Pensez aux mollucides.
• Traitements : Fascinex, |
Parsifal, CydectineTriclamox 1 mg/ml + 50 mg/ml Solution buvable pour ovins, |
Zanil, Distocur34 mg/ml, Douvistome, Ruménil34 mg/ml… Dovenix injectable Flukiver, Seponver, Supaverm, Imena L, Prevansa 5 mg/ml/125 mg/ml Solution injectable pour bovins et ovins…
3) Ténia : « anneaux de riz »
Le téniasis peut se rencontrer chez les moutons de tous âges avec des formes sévères chez les agneaux. Il est du à la présence, dans l’intestin grêle, d’un cestode de l’espèce Monieza, qui peut mesurer jusqu’à 3 mètres de long.
Les symptômes sont : apathie, grand amaigrissement avec parfois mort brutale et « anneaux de riz » caractéristiques dans les excréments. Ces derniers contiennent des œufs qui sont avalés par des acariens oribates, qui sont eux-mêmes avalés par d’autres moutons.
À savoir : l’incidence sur la croissance des Strongles digestifs et Moniezia a été estimée à moins 5-6 kg entre les agneaux non traités et les agneaux protégés.
• Conseils
Demandez systématiquement aux éleveurs de regarder les selles de leurs moutons, le ténia est alors vite détecté.
Proposez le retournement des pâtures, ce qui réduit la population de l’hôte intermédiaire, les oribates.
Attention, les moutons transmettent le ténia aux chiens, qui peuvent le transmettre à l’homme.
Conseillez vivement de vermifuger les chiens de berger et d’écarter les chiens errants.
4) Œstrose ovine : éternuements
L’œstrose est une maladie parasitaire provoquée par la migration des larves de mouches (Œstrus ovis) dans les cavités nasales des moutons.
Les symptômes sont caractéristiques : éternuements, frottements du nez sur le sol, jetage clair (celui-ci devient sanguinolent, puis épais et purulent). Les centres nerveux peuvent être atteints avec des décès à la clé.
Cette parasitose fréquente chez les ovins provoque des conséquences économiques graves.
• Conseils
Si un éleveur vient vous voir entre septembre et janvier en vous décrivant les signes suivants : éternuement et jetage sur des moutons, pensez à l’œstrose ovine.
En fin d’été, vous devez conseiller une prévention de ce risque dans les traitements stratégiques.
• Traitements spécifiques
Plusieurs produits sont prescrits par les vétérinaires :
– le closantel : Seponver® par voie orale et Flukiver® en SC 5 mg/Kg
– le nitroxinil : Dovenix® en SC 5 mg par Kg
– l’ivermectine : Ivomec® injectable en SC 200 mg/Kg ou buvable (Oramec).
- moxidectine : Cydectine Ovin
5) Coccidiose et cryptosporidiose : diarrhées hémorragiques
Ces deux maladies existent aussi chez les ovins. Elles entraînent des diarrhées parmi les jeunes agneaux. Lors de coccidiose, on rencontre des diarrhées hémorragiques sur des jeunes de 1 à 4 mois. La cryptosporidiose donne plutôt des diarrhées jaune vif chez des nouveau-nés.
• Conseils
Éviter le stress (transport, changement brutal de climat...)
Proposer des coprologies
Traiter seulement lors de diarrhée ou de périodes à risque (stress).
6) Dicrocœlium ou Petite Douve : rare
L’infestation par Dicrocœlium, ou Petite Douve, est très rare, et se rencontre uniquement dans les zones sèches avec une extension partielle en région herbagère lors d’été chaud et sec. D’autres parasites peuvent avoir des manifestations ponctuelles, mais il n’est pas envisageable d’organiser une prévention thérapeutique.
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