Dossiers

Myosites, savoir réagir

Date de publication :
17/09/2019
Espéce :
Cheval
Catégorie :
Dossiers

Raideur, sang dans les urines, vous êtes parfois confrontés à des demandes de conseil qui concernent les myosites et autres pathologies musculaires. Quels conseils donner ? Quels aliments complémentaires proposer ? Voici nos astuces.

 

Au comptoir, vous allez faire face à plusieurs types de myosite. La plus fréquente se nomme la « myoglobinurie paroxystique », la « Rhabdomyolyse » ou « coup de sang », aussi appelée « maladie du lundi », « tying up », « myopathie d’effort »... Cette myosite est très fréquente chez les pur-sang. Il s’agit d’une anomalie de la contraction musculaire.

Une autre forme de myosite à laquelle vous pouvez être confronté est la myopathie de stockage à polysaccharides. Elle est plutôt rencontrée dans des races de chevaux lourds (Quarter Horse, Cob normand, Percheron, Ardennais). On la retrouve désormais aussi chez le Merens et le Selle Français. Pensez-y lors de coups de sang récurrents, même au pré avec peu d’activité. Les signes sont voisins, mais la répétition donne la puce à l’oreille. Cette pathologie s’explique par une accumulation anormale de glycogène et d’autres polysaccharides dans les muscles. L’hérédité pourrait être en question au niveau du métabolisme dans les muscles.

 

Causes de myopathie

Les causes peuvent être variées et il est souvent difficile de les identifier avec certitude. Voici les principales : fort coup de stress, entrainement mal géré, mauvais échauffement, suralimentation sans travail, séance de travail trop longue ou trop intense, course ou cross de complet, douleur...

En période de froid intense et de gel, les risques de coup de sang sont augmentés. Le déficit en sélénium est un facteur favorisant des myopathies d’effort.

Certaines races, voire certaines lignées sont plus prédisposées que d’autres. Les juments sont plus atteintes que les mâles ou hongres. Les jeunes chevaux de 2 à 5 ans sont plus exposés. Les chevaux nerveux ont 5 fois plus de chance d’avoir une myopathie.

 

Signes au comptoir

C’est typique, un lundi matin un propriétaire vient vous demander conseil pour son cheval qui présente une forte raideur avec du sang dans les urines.

Votre équipe doit associer les signes suivants aux myosites :

- urine qui va de marron à noir, voir rouge, sang dans les urines... Lors de lésions musculaires, de la myoglobine est libérée au niveau cellulaire et éliminée au niveau rénal. L’urine devient foncée, couleur « coca-cola ». Cette myoglobinurie peut provoquer une néphropathie et doit donc être traitée rapidement.

- raideur, crampes du dos et de l’arrière-main, tremblements des muscles (fessiers et dos surtout), impression d’une boiterie de l’arrière-main ou de « jambes raides », cheval qui marche à petits pas...

- attitude anxieuse, symptômes de coliques

- forte sudation

- accélération de la respiration et des battements du cœur

- insuffisance rénale, un coma et la mort (rare)...

La douleur est parfois impressionnante et les crampes sont tellement fortes que le cheval ne veut parfois plus bouger. Votre conseil vise à soulager l’animal, puis à référer le plus vite possible au vétérinaire les cas à risque. Proposez des mesures préventives qui vont générer la délivrance de produits sans ordonnance.

 

Traitements avec ou sans prescription

En cas de crise, les vétérinaires équins ont recours à des traitements avec ou sans prescription. Conseillez de faire rentrer le cheval au box, de ne pas le faire marcher et de ne pas doucher.

Le vétérinaire va faire une prise de sang pour savoir si c’est bien un coup de sang (CPK, ASAT) et pour pouvoir suivre l’évolution.

Dans les cas graves, il va mettre le cheval sous perfusion, drainer les reins, soulager les muscles avec des anti-inflammatoires (attention à ce que le cheval ne soit pas déshydraté si le propriétaire utilise des anti-inflammatoires oraux)

- Fluidothérapie

Les fluides permettent de corriger la déshydratation et les déséquilibres électrolytiques (hypochlorémie, alcalose, parfois acidose dans les cas graves). Ils permettent aussi de prévenir une néphropathie myoglobinurique en augmentant la diurèse. Le chlorure de sodium à 0,9 % complémenté en potassium est le plus employé. Les fluides peuvent être associés à des diurétiques.

- AINS par voie générale

Les AINS sont prescrits en l’absence de myoglobinurie ou une fois la diurèse forcée réalisée. Veillez aux contre-indications.

Le méloxicam, la fluinixine, la phénylbutazone orale à la dose de 2,2 mg/kg deux fois par jour sont recommandés lors de douleur musculaire importante.

- AINS par voie locale

Des pommades anti-inflammatoires peuvent être appliquées sur les zones chaudes et douloureuses après une séance d’hydrothérapie froide. Attention aux délais d’attente.

- Vitamine E et Sélénium

Lors de suspicion de déficit, la vitamine E et le Sélénium sont utilisés en injection intramusculaire.

Quelques produits : Biodyl, Myophos…

- Vasodilatateur périphérique

L'acépromazine peut être utilisée à raison de 0,02 mg/kg/6h pour stimuler la vasodilatation périphérique. Attention, ne jamais la délivrer s’il y a un risque de déshydratation (sudation, anorexie), car elle a un fort pouvoir hypotenseur.

 

Myopathie par stockage à polysaccharides

La gestion de la crise aiguë sera la même que lors de myosite. Lors de suspicion de myopathie par stockage à polysaccharides, l’apport de lipides devra être augmenté et les carbohydrates éliminés de la ration. Les mesures alimentaires sont le seul traitement efficace pour éviter les récidives.

 

Convalescence

La convalescence peut parfois être longue et sa durée est en général déterminée par des contrôles sanguins (mesure des CPK et des AST).

Après la guérison, conseillez de laisser le cheval au repos. Selon l’importance de la crise, le cheval devra rester au box strict, puis marcher en main. Lorsque les résultats de prise de sang reviendront normaux, vous pouvez conseiller de reprendre le travail progressivement. Dans les cas les plus graves, un arrêt complet du travail est nécessaire pendant plusieurs semaines voir plusieurs mois, au risque d’une rechute qui peut condamner la carrière sportive d’un ch

eval. Dans tous les cas, recommandez une cure de 2 à 3 mois avec un aliment complémentaire qui favorise l’élimination rénale.

 

Prévention

Conseillez au propriétaire la mise en place de mesures préventives.

- Alimentation générale

Il faut veiller à réduire les aliments concentrés quand le cheval ne travaille pas.

- Aliments complémentaires

Conseillez une supplémentation en vitamine E chez les chevaux ayant tendance à faire des myosites après l’effort. Bien qu'elle soit présente dans les aliments naturels, la vitamine E est très labile et les carences ne sont pas rares. La meilleure source de vitamine E est l’herbe fraîche.

La quantité de vitamine E nécessaire à la prévention des désordres musculaires, en présence de taux normaux de sélénium, est relativement faible. Elle croît au fur et à mesure que le taux de sélénium diminue. Pour ce motif, il s’avère difficile de recommander une valeur basale pour la vitamine E.

Pour indication : 1000 UI/kg par jour soit 50 mg par jour pour un cheval de 500 kg (10 mg pour 100 kg).

Concernant le Sélénium, l’excès est très mal toléré. Sa dose toxique par voie orale est de 3,3 mg/kg pour les poneys et de 6 mg/kg pour les chevaux.

- Exercice contrôlé

L’entraînement doit être progressif. Conseillez une bonne préparation de l’animal avant l’exercice : étirements et/ou applications de produits pour chauffer les muscles.

Enfin, les douches après le travail, associées ou non à l’application de lotions relaxantes, peuvent soulager l’animal.

 

Toute l’équipe officinale en contact avec les propriétaires de chevaux de sport doit connaître ces mesures assez simples et les produits qui peuvent être délivrés.

 

 

Rayon myosites équines

 

1) AINS per os : phénylbutazone, flunixine et autres

 Equipalazone, Finadyne, Quadrisol 100mg/kg, Metacam 15 mg/ml, Contacera…

2) AINS injectables : Quadrisol 50mg/kg (inj) et 100mg/kg (oral), Metacam 20 mg/ml injectable, Ketofen 10 %, Comforion vet 100 mg/ml (tous injectables) …

Quelques produits flunixine : Avlezan inj, Finadyne (inj, pâte, granulés), Meflosyl inj…

3) Pommades anti-inflammatoires

Absorbant Liquid, Antiphlogistine, Arnicagelvet, Compagel,Dolisogel Equistro Massage, Green Cold Gel, Green Phlo, Green Ball, Hot Lotion, Staysound, Tendilax, Twydil 4Legs, Twydil Gel Membre, Twydil Liquide Membre, Végébom Onguent Actif Cheval…

4) Vasodilatateur périphérique

Calmivet, Vétranquil…

5) Aliments complémentaires à base de vitamine E

Myostem Protec, Myostem Mass, Equistro Excell E, Equistro Myo-power, Twydil Protect Plus, Super 14, Weight Builder...

Chevaux convalescents : Ekyrenal Plus, Bio B12, Vitamine B12 Vétoquinol, Vitamine B12 Aguettant, Equistro Haemolytan 400, Multiplex, Pauliatonic, Twydil Omegadil, Twydil Hemopar, Twydil Beback, Ultra B...

 

 

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