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Conseil vétérinaire : training de rentrée
Pour bien commencer l’année, rien ne vaut une bonne révision sur la méthode de conseil vétérinaire A.C.F. pour toute l’équipe officinale. Un training sur quelques cas de comptoir permettra de valider la bonne assimilation de la méthodologie.
Le conseil vétérinaire est grandement facilité par l’acquisition d’une méthodologie rigoureuse qui permet de sécuriser chaque conseil tout en gagnant du temps. Cette méthodologie A.C.F. développée par le Docteur Obadia, vétérinaire a fait ses preuves depuis plus de 25 ans, elle s’acquiert simplement. Sa mise en pratique au travers de quelques cas de comptoir permet d’acquérir les automatismes indispensables.
Initiez un parcours d’apprentissage
Quels sont les éléments qu’il faut absolument connaître ?
1) Les notions de base sur les espèces (chien, chat, NAC, oiseaux, les parasites externes et internes, la reproduction, les principales pathologies, les modèles de conseil…
2) Les principes actifs employés dans les différentes spécialités
3) Les formes galéniques et leurs particularités d’emploi par rapport aux chiens et aux chats
4) Les produits (surtout ceux de votre stock) : nom, composition, galénique…
Pour commencer votre parcours vétérinaire, vous devez initier une formation de base par thème de conseil : parasites externes, internes, vermifuges, contraception, dermatologie, digestif, ORL, respiratoire, renouvellement de prescriptions des affections chroniques… Vous devez connaître le contexte de chaque conseil que vous allez délivrer et les principaux enjeux.
Puis vous devez acquérir des bases techniques qui concernent la pathologie (signes, principales affections) et les produits (principes actifs, galéniques, spécialités).
Toutes ces connaissances vous sont présentées au fil des numéros de Pharmavet ou au travers de guides ou de mémentos consacrés au conseil vétérinaire. Vous pouvez aussi les acquérir par diverses formations dispensées par les universités (DU), les laboratoires et les organismes agréés.
Tout conseil doit démarrer par une phase d’écoute active. Les dialogues au comptoir sont la phase la plus délicate, car il s’agit de conduire en quelques minutes une véritable enquête. Les questions qui sont variées selon la situation doivent avoir été envisagées au préalable. Elles doivent être systématiquement posées selon un ordre précis. Le pire consiste soit à ne rien demander, soit à se lancer dans un vague bavardage sans but précis. Chaque question doit conduire soit à une déduction pratique, soit à un choix thérapeutique. Les questions qui ne servent à rien doivent être évitées, quelques exemples : « est-ce que votre chien sort ? » « Mange-t-il des croquettes ? » « Il a la diarrhée, l’avez-vous traité contre les puces ? »…
Nous vous proposons un conseil en trois grandes étapes qu’il faut bien marquer.
Questionnaires intelligents : Analyse 1re étape - A
Deux questionnaires de quelques minutes permettent d’atteindre notre objectif de préparation du choix des produits : respectez bien ces deux étapes ayant chacune son objectif.
— Le questionnaire général sur l’animal.
Il a pour objectif principal de se repérer par rapport à la race, à l’âge, au poids, au sexe et de dépister les animaux à risque que sont les très jeunes, les animaux âgés, ceux qui boivent beaucoup (insuffisants rénaux, hépatiques, diabétiques, etc.), ceux qui ne mangent plus, qui sont abattus…
Très vite, il y a prise de conscience du risque : fort ou modéré. Le conseil va être modulé en conséquence. Ce questionnaire ne doit jamais être oublié, même pour des cas courants de prévention.
L’expérience de dizaines de formations montre que la tendance naturelle qui privilégie le problème du client vous conduit à zapper cette étape indispensable qui vous permet de bien cerner l’animal (presque toujours absent) : chihuahua ou Saint-Bernard, Norvégien ou siamois, vous devez absolument savoir à qui s’adresse votre conseil !
Rappel d’objectif : bien connaître animal et évaluer le risque
— Le questionnaire sur la prévention ou la pathologie
L’objectif est de poser 3 à 5 questions, les plus précises possible, sur le problème en cause. Il faut cibler les principales affections probables. Le mot probable est crucial, car il est presque toujours impossible d’avoir une certitude au comptoir. Il ne faut pas exiger l’impossible. Même le vétérinaire, après examen clinique et analyses complémentaires ne parvient pas toujours au diagnostic. Suspecter quelques affections et donner les bons conseils pour les juguler, voilà déjà des ambitions très élevées.
Rappel d’objectif : cibler les affections possibles ou préciser le conseil de prévention à réaliser.
— Conclusions des questionnaires
Les conclusions des questionnaires doivent vous apporter une vision claire
— Risque représenté par la situation santé de l'animal : faible, modéré, élevé... pour adapter votre conseil
— Des objectifs de prévention : vermifuge chiot, vermifuge adulte très exposé, protection tiques et puces, protection puces, tiques, moustiques, phlébotomes…
— Des pathologies probables classées par ordre de probabilité décroissante : exemple chien avec des puces qui se gratte, 1) dermatose allergique aux puces (DAPP), 2) Allergie, 3) pyodermite (surinfection), 4) autres. Inutile de vouloir devenir un expert et de penser à toutes, les maladies possibles. Il faut juste penser aux 2 ou 3 plus courantes et essayer de les classer en fonction des réponses.
— Du principal symptôme à réduire : c'est la stratégie de secours si vous êtes perdu.
Bien choisir les produits : Conseil 2e étape- C
Vous devez bien connaître les produits vétérinaires de votre stock afin de sélectionner les bons principes actifs et la bonne forme galénique tout en respectant la législation.
Dans tous les cas il faut expliquer votre conseil en termes d’objectifs compréhensibles et non en termes trop techniques :
— Choix des produits.
— Choix du traitement : traitement local et/ou général.
— Choix de la galénique.
Toutes les informations et astuces pratiques doivent être précisées.
Il convient de respecter quelques règles de bon sens :
— Choisir le produit le plus adapté pour la prévention en fonction des goûts de l’animal et des moyens techniques et financiers du propriétaire. Attention à la présence d’enfants en bas âge pour les produits à usage local.
— S’assurer de la possibilité d’observance : prise de comprimés, de liquides, soins locaux, shampooings…
— Ne pas nuire à la santé de l’animal (en fonction du risque clairement défini).
— Soulager l’animal sans retarder la visite chez le vétérinaire si celle-ci paraît urgente.
— Stabiliser la situation.
— Ne pas nuire au diagnostic ultérieur.
— Traiter la cause chaque fois que cela est possible.
Formaliser le conseil et fidéliser : Finalisation 3e étape - F
Après avoir dialogué et délivré votre conseil, vous devez impérativement consacrer une ou deux minutes à le « finaliser ».
— Donner les précisions indispensables
Pensez à bien indiquer :
1) Modalités de traitement (posologie, application des pipettes, etc.).
2) Durée du traitement et rythme d’application
3) Possibles effets secondaires et signes d’alarme.
— Ventes associées
Cette étape de la finalisation va générer une forte augmentation de vos performances économiques en mettant en place les jalons d’un prochain conseil souvent orienté vers la prévention. – Le renouvellement d’ordonnance est un autre axe de communication trop souvent oublié. Nombreux sont les propriétaires en possession d’une ordonnance et qui ne peuvent retourner aisément chez le vétérinaire traitant pour se procurer à nouveau les médicaments vétérinaires.
— Recours au vétérinaire praticien
Enfin, il vous faut aussi envisager l’échec de votre conseil ou les cas difficiles pour lesquels il n’est pas possible de trouver une solution au comptoir.
Indiquez une démarche positive à suivre, prouvant ainsi votre compétence. Vous devez convaincre le propriétaire du rôle incontournable du vétérinaire dans le cas qui le préoccupe et lui expliquer que des examens sont parfois indispensables.
Vous le constatez, conseiller vite et bien suppose la mise en œuvre d’une méthode structurée.
La méthode qui vous a été exposée est le fruit de plus de vingt-cinq ans d’expérience dans le domaine de la formation au conseil vétérinaire à l’officine. Elle a été employée avec succès au cours des diplômes universitaires de Reims, Rennes, Lyon, Marseille et lors de centaines formations à thème dans divers contextes sur toute la France.
Le postulat de départ consiste à répondre à la demande de conseil, en réduisant au maximum les risques d’accident thérapeutique, en optimisant l’efficacité et en respectant les champs d’action respectifs du pharmacien et du vétérinaire praticien.
Philippe Obadia
vétérinaire
Training cas de comptoir
Le chien
Prévention : puces
Cas de comptoir
Mon labrador a attrapé des puces en Normandie alors que nous lui avions mis une pipette...
Vos questions : étape 1
1) Race, âge, poids approximatif, est-il en forme ?
2) Protection puces et tiques souhaitée ? Maison ou appartement ? Y a-t-il d’autres animaux dans le foyer ? Mode vie, sorties, voyages dans le Sud de la France ? Traitements antérieurs, marque de l’insecticide ?
Votre conseil : étape 2
Conclusion étape 1 : Labrador âgé de 6 ans pesant de 38 kg en pleine forme avec infestation massive du chien et de son environnement par les puces ! Ce chien se baigne dans un étang. Il vit dans une grande maison et va souvent à la campagne. Une protection anti-tique est aussi nécessaire. Le propriétaire demande une solution efficace même pour un prix élevé, car il a conscience que le mode de vie du chien rend sa protection difficile.
Choix des produits étape 2 : Ce chien sera pulvérisé tous les 15 jours pendant 3 mois avec un spray à base de fipronil type Frontline ou Fiprokil. Cette pulvérisation sera associée en fin de flacon à des pipettes mensuelles associant fipronil et perméthrine, type Frontline TRI-ACT ou Perfikan. Pour assainir son environnement, un comprimé de Program G sera administré à longueur d’année. Un traitement partiel de l’environnement avec un spray type Insecticide Habitat Spray (Clément-Thékan) sera conseillé pour traiter le panier et la voiture ainsi que la pièce préférée de l’animal.
Finalisation et ventes associées : étape 3
Ce conseil est expliqué dans le détail pour justifier la vente de 3 à 4 produits différents, les pipettes pouvant être achetées un mois ou deux après le spray !
En vente associée, le vermifuge actif sur dipylidium sera conseillé, une fois les puces éliminées. En cas d’échec ou de difficultés de traitement, recommandez une visite vétérinaire pour la prescription de comprimé type Nexgard ou Bravecto.
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