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Coccidiose des volailles et des poules : conseils en pharmacie

Date de publication :
16/02/2025
Espéce :
Basse-court
Catégorie :
Dossiers

La coccidiose est une maladie parasitaire fréquente chez les volailles, causée par des protozoaires du genre Eimeria. Elle affecte principalement les intestins des poules et des poussins, provoquant des troubles digestifs, une baisse de croissance et, dans les cas graves, une mortalité importante. En tant que pharmacien d’officine, il est essentiel d’informer et de conseiller les éleveurs sur les mesures de prévention et les traitements disponibles dans le respect de la législation.

 

La coccidiose survient chez : la poule, la dinde, l'oie, le canard et s’avère très fréquentes chez le poulet. Les coccidioses de la pintade sont graves, celles des palmipèdes se traduisent souvent par de très fortes mortalités sur des canetons de moins de 4 semaines. L'oie résiste mieux, mais une forme plus chronique s'installe.

1.Signes de la coccidiose chez la poule

Les symptômes de la coccidiose varient selon l’espèce d’Eimeria en cause et la gravité de l’infestation. Voici les signes les plus courants :

Symptômes coccidiose poule

  • Troubles digestifs : diarrhée, souvent sanguinolente ou mousseuse
  • État général altéré : plumage ébouriffé, apathie, faiblesse, anorexie
  • Retard de croissance chez les poussins
  • Baisse de la ponte chez les poules pondeuses
  • Déshydratation et anémie en raison des pertes digestives

Diagnostic coccidiose volailles

En marge des symptômes courants de la coccidiose chez la poule ou autres volailles, l’examen visuel des fientes peut être un bon indicateur. Des selles liquides, teintées de rouge ou anormalement foncées, peuvent suggérer une infestation, conseillez de confirmer la suspicion par un envoi des selles à un laboratoire spécialisé.

2. Que conseiller pour un nouvel arrivant ?

L’arrivée d’un nouvel animal dans un élevage peut être un facteur de transmission des coccidies. Voici les recommandations essentielles :

  • Mise en quarantaine pendant au moins 15 jours pour surveiller l’état de santé du nouvel arrivant
  • Désinfection systématique du matériel et de l’espace d’accueil
  • Alimentation adaptée, riche en probiotiques et en compléments vitaminés, pour renforcer l’immunité
  • Ajout préventif d’un anticoccidien dans l’eau ou l’aliment, notamment si l’élevage a déjà connu des épisodes de coccidiose.

Notez que les produits naturels comme certaines plantes (origan, thym) peuvent être utilisés en prévention, mais ne remplacent pas un traitement spécifique en cas d’infestation.

3. Traitements et molécules disponibles en France

Lorsqu’une coccidiose est diagnostiquée, plusieurs médicaments anticoccidiens sont disponibles sur ordonnance :

  • Amprolium (SURRICOXX 400 mg/mL  Flacon de 100 mL) : utilisé en traitement curatif et préventif, souvent administré via l’eau de boisson. La posologie pour chaque espèce cible est de 20 mg d’amprolium par kg de poids vif par jour (soit 0,5 mL de solution pour 10 kg de poids vif par jour), pendant 5 à 7 jours consécutifs.
  • Toltrazuril (Baycox 25 mg/mL et génériques): très efficace contre plusieurs espèces d’Eimeria. La posologie est de 7 mg de toltrazuril par kg de poids vif et par jour (soit 0,28 mL de produit par kg de poids vif et par jour). Le traitement doit être administré deux jours de suite. Il est recommandé d’administrer le produit en continu sur une période de 24 heures par jour pendant 2 jours consécutifs.
  • Sulfamides (sulfadiméthoxine Amidurène, sulfaquinoxaline) : parfois prescrits en association avec d’autres traitements. La sulfadiméthoxine s’avère la plus prescrite et la plus économique pour les élevages fermiers contre les coccidioses. Elle possède, en outre, une action intéressante sur de nombreux germes microbiens, comme les pasteurelles et colibacilles. Notez que la molécule est peu utilisée chez les humains, ce qui rend le risque d’antibiorésistance moins sensible que pour d’autres molécules plus récentes. L’Amidurène est bien adapté pour les tout petits élevages : conditionnements multiples, en 50 et 250 ml, 1 litre et 5 litres, permettent de s’adapter à toutes les tailles d’élevages fermiers.
  • Phytothérapie et solutions naturelles : certaines préparations à base d’huiles essentielles ou d’extraits de plantes peuvent avoir un effet de soutien, mais elles ne suffisent pas en cas d’infestation avérée. Exemple de conseil avec le thym : infuser 50 g de thym séché dans 1 litre d’eau chaude pendant 15 minutes ; laisser refroidir et distribuer dans l’eau de boisson des poules pendant 5 jours. L’argile verte aide à stopper la diarrhée et à assainir le tube digestif. La tanaisie peut aider à éliminer les coccidies : faites sécher des fleurs de tanaisie et réduisez-les en poudre, puis conseillez de mélanger une pincée de cette poudre dans la pâtée des poules pendant 7 jours. Le vinaigre de cidre bio non pasteurisé aide à acidifier l’intestin, rendant l’environnement moins favorable aux coccidies. Conseillez d’ajouter 1 cuillère à soupe de vinaigre de cidre dans 1 litre d’eau et d’administrer 2 fois par semaine..

Le choix du traitement par le vétérinaire dépend de la sévérité des symptômes et de la souche de Eimeria identifiée.

Produits sur ordonnance les plus prescrits par les vétérinaires

Tous ces médicaments nécessitent une prescription vétérinaire. Les plus couramment prescrits sont :

  • Amidurène (Sulfadiméthoxine) : anticoccidien numéro un en France peut aussi traiter les infections bactériennes associées.
  • Baycox et génériques (Toltrazuril) : traitement très efficace, administré en une ou deux prises.
  • (Amprolium) : fréquemment prescrit en élevage intensif pour la prévention et le traitement, mais peu en élevage fermier.

1) Sulfadiméthoxine : Amidurène (le plus vendu), Metoxyl (ruptures fréquentes)…

2) ) Amprolium : Amproline 400 mg/mL, (1 litre et 5 litres), Némaprol (1 litre et 5 litres), Coxaprol (1 litre et 5 litres), Surricoxx 400 Mg/mL (flacon 100 mL , 1 litre et 5 lites)…

3) Toltrazuril : Baycox 25 mg/mL, Cevazuril 25 mg/mL…

4) Vaccins poules : Paracox-5 — Paracox-8…

5) Décapants : Kenosan

6) Désinfectants pour locaux : Kenocox, Farmacox…voire brûlage superficiel des poulaillers au chalumeau si les matériaux de construction le permettent

7) Vitamines : Biovitase, Vitavil amimé, Vitavia, Polyvitaviaire...

 

Les laboratoires qui peuvent identifier les coccidies dans les selles

Un diagnostic précis est souvent nécessaire pour adapter le traitement. Plusieurs laboratoires vétérinaires en France réalisent des analyses de selles pour détecter la présence de coccidies :

  • Labofarm
  • CEV (Centre d’Expérimentation et de Validation)
  • INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement)
  • VetAgro Sup

 

Laboratoire

Département

Téléphone

Services proposés

Labofarm

35 - Ille-et-Vilaine

? 02 99 00 03 04

Analyse des selles, diagnostic parasitaire

CEV (Centre d’Expérimentation et de Validation)

49 - Maine-et-Loire

? 02 41 77 12 34

Identification des Eimeria, antibiogrammes

INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement)

78 - Yvelines

? 01 30 83 34 00

Études et recherches sur les parasites aviaires

VetAgro Sup - Laboratoire de Parasitologie

69 - Rhône

? 04 78 87 26 40

Diagnostic parasitaire, analyses coprologiques

·        

Conseil : Il est recommandé de contacter le laboratoire en amont pour connaître les modalités d’envoi des échantillons et les délais d’analyse. Avec ces informations, les éleveurs et les particuliers peuvent plus facilement faire analyser les fientes de leurs volailles et obtenir un diagnostic précis. Un prélèvement de fientes fraîches est généralement suffisant pour l’analyse. Il est conseillé de consulter un vétérinaire pour l’interprétation des résultats et l’ajustement du traitement.

 

Conseils clients  

– Questions à poser au comptoir pour suspecter une coccidiose

Lorsqu’un éleveur ou un particulier vient en pharmacie avec des inquiétudes sur une possible coccidiose ou autre pathologie avec des diarrhées, mettez en œuvre la méthode ACF (analyse-conseil-finalisation). voici les questions essentielles à poser :

Espèces, races, nombre de volailles, alimentation ?

Quels sont les symptômes observés ? (diarrhée, faiblesse, perte d’appétit…)
Depuis combien de temps les symptômes sont-ils apparus ?
Les volailles sont-elles vaccinées contre la coccidiose ?
Avez-vous récemment introduit de nouveaux animaux dans l’élevage ?
L’environnement est-il bien désinfecté et ventilé ?
Y a-t-il une baisse de croissance chez les poussins ou une baisse de ponte chez les poules ?

Ces questions permettent d’évaluer la probabilité d’une coccidiose et d’orienter le client vers un vétérinaire ou un traitement adapté.

1) Informez les éleveurs sur les traitements disponibles et les bonnes pratiques pour protéger leurs animaux.

2) Rappelez les mesures d’hygiène indispensable

3) Indiquez les précautions pour un nouvel arrivant

En cas de doute, un diagnostic par un vétérinaire et une analyse en laboratoire permettent d’assurer une prise en charge efficace et rapide.

 

Cycle évolutif des coccidies et contamination de l'environnement

Toutes les coccidioses animales ont un cycle biologique comparable séparé en deux phases : une phase interne se déroulant exclusivement dans l'appareil digestif de l'animal parasité, et une phase externe se déroulant dans le milieu extérieur. Les coccidies se transmettent d'un animal à un autre sous la forme d'un élément infectieux sporulé appelé ookyste.

Un animal s'infecte en ingérant un ookyste sporulé. Le cycle de vie coccidien a lieu dans la muqueuse intestinale provoquant ainsi des dommages cellulaires responsables, en grande majorité, d'une diarrhée foncée, fétide et sanguinolente. 

Selon l'espèce infectée, le temps qui s'écoule entre l'ingestion d'un ookyste sporulé et l'excrétion d'ookystes non infectants dans le milieu extérieur avec les selles varie de 4 jours chez les volailles à 3 semaines chez les bovins. Un seul ookyste sporulé peut engendrer la production de 23 millions de nouveaux ookystes non infectants en quelques semaines !

Ces ookystes excrétés, pour devenir infectants, doivent subir une sporulation dans le milieu extérieur : la durée de ce processus est intimement dépendant de la température extérieure et du niveau d'humidité : une incubation de 12 à 30 heures dans un environnement humide, à des températures variant de 20 à 30°C permet la sporulation des ookystes aviaires.

Sporulé, l'ookyste peut résister 6 mois à 1 an, protégé par une paroi épaisse qui le rend insensible à l'action de tous les désinfectants connus excepté les dérivés ammoniaqués. Par contre, il est sensible aux températures élevées : le feu ou la vapeur d'eau sous pression à 140°C le détruisent. Il ne supporte pas non plus la sécheresse.

Il s'agit donc d'interroger précisément vos clients sur leur mode d'élevage afin de découvrir les erreurs responsables de l'émergence de la maladie. En premier lieu, le logement des animaux : son entretien, son aération, le nombre d'animaux qui y vivent. Les bâtiments d'élevage sont les endroits où les ookystes infectants sont généralement les plus nombreux : en effet, la chaleur douce et l'humidité permanente qui peuvent y régner, surtout en l'absence d'aération suffisante, favorisent le déroulement de leur cycle. Toute surpopulation au sein des bâtiments accentue la pression parasitaire et favorise la contamination rapide des animaux. Dans tous les élevages et en particulier au sein de ceux où la surpopulation est parfois quasi inévitable, il est nécessaire d'expliquer à vos clients l'importance de maintenir en permanence une litière propre et sèche au sein d'un bâtiment aéré afin d'éviter au maximum la sporulation des ookystes.

 

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