Conseils
Allaitement maternisé chiots et chatons
Les propriétaires de chiots ou de chatons s’adressent parfois à la pharmacie pour se procurer du lait artificiel. En leur prodiguant des conseils pratiques et en répondant à leurs questions, vous les fidéliserez à coup sûr. Comment se passe l’allaitement naturel ? Si vous savez répondre à cette question, vous pourrez donner tous les conseils pratiques, nécessaires pour réussir le remplacement du lait maternel par du lait artificiel.
Rappels techniques
- L’allaitement naturel
Un chiot, destiné à peser 20 kg à l’âge adulte, pèse en moyenne à la naissance 400 grammes ; sa consommation de lait pendant les premiers jours est de 100 ml. Le lait maternel permet au chiot ou au chaton de doubler son poids en neuf jours. Le poids des chiots ou des chatons triple généralement dans les deux premières semaines de la vie.
La production lactée de la mère est le mode de nutrition exclusif des jeunes. Elle couvre la totalité des besoins des jeunes pendant un temps moyen de trois semaines. Ce délai peut augmenter si la mère est bonne laitière et si la portée est relativement peu importante.
Le rythme des tétées varie de la naissance au sevrage. Pendant les premiers jours, on peut estimer le nombre de repas quotidiens à huit. Dès la deuxième semaine, les repas s’espacent, passant de six à quatre en troisième semaine.
Dans la nature, les mères carnivores commencent à nourrir leurs petits, dès l’âge de trois semaines, en leur régurgitant une partie prédigérée de leur propre repas. Conseillez aux propriétaires et aux éleveurs d’assurer la transition grâce à un lait artificiel mélangé à des aliments en purée. La composition du lait naturel de carnivores est variable d’une espèce à l’autre. En ce qui concerne les chats, le lait maternel est plus riche en sucres et en protéines que celui des chiens. Par contre, ce lait est plus dilué et moins riche en graisses. D’une manière générale, on peut dire que les laits de carnivores sont beaucoup plus riches que le lait de vache.
Retenez quelques différences importantes :
Deux fois plus de protéines avec augmentation de l’importance des albumines et globulines. Deux fois plus de matières grasses. Deux fois moins de lactose, dont l’excès provoque, chez les carnivores, des troubles digestifs graves avec diarrhée et ballonnement. Deux fois plus de minéraux.
- Indications de l’allaitement artificiel
Le lait artificiel peut être employé, soit pour compléter la lactation maternelle, soit pour la remplacer. On parle alors d’allaitement de substitution. Celui-ci s’impose lorsque la mère est dans l’impossibilité d’allaiter : décès, maladie, lait toxique, absence de lait (agalaxie).
Parfois, après une césarienne, le vétérinaire prescrit des antibiotiques. Dans ce cas aussi, mieux vaut éviter de donner le lait aux petits pendant la durée du traitement afin de ne pas perturber la mise en place de la flore intestinale. Toutefois, il ne s’agit pas d’une contre-indication absolue de l’allaitement maternel.
- Complémentation de l’allaitement naturel
La complémentation de l’allaitement naturel est indispensable si la femelle n’a pas assez de lait ou si le nombre de petits est trop élevé (plus de quatre). Un allaitement de complémentation permet de pallier les conséquences de la chute de la production laitière qui intervient vers la cinquième semaine.
Donner du lait en complément garantit une transition entre l’allaitement exclusif et l’alimentation « solide », sans douleur.
Vers l’âge de trois semaines, il suffit de rajouter en quantité croissante des aliments solides (viande hachée, aliments industriels humides pour chiots ou chatons, petits pôts pour bébé...), ce qui équivaut au comportement maternel naturel de régurgitation.
La complémentation de l’alimentation avec un lait reconstitué dès la troisième semaine et jusqu’au deuxième mois, renforce la résistance des chiots et prévient le stress alimentaire provoqué par le changement d’alimentation lors de l’adoption. Le nouveau propriétaire continuera à donner un ou deux repas lactés (même marque de lait) avec des biscuits vitaminés, pendant un mois. Cette recette donne de bons résultats.
- Les laits artificiels
Pour fabriquer un lait pour carnivores, on peut dans une première approche modifier le lait de vache. Ainsi, une recette classique consiste à ajouter au lait de vache concentré à 20 ou 25% de matière sèche, sans adjonction de sucre (lait concentré non sucré Gloria boîte rouge et blanche), un jaune d’oeuf, une cuillerée de crème et deux de phosphate bicalcique. Ce mélange, à défaut d’autre chose, permet aux jeunes de survivre et de croître. Toutefois, il n’est pas rare d’observer des problèmes digestifs provoqués par le lactose en quantité trop importante et par la caséine, en excès par rapport aux autres protéines.
Le lait de chèvre, contrairement à une vieille croyance, ne convient pas non plus aux carnivores (3,6% de protéines, 4% de graisses et 5,1% de lactose).
Pour parvenir à un résultat optimum, les différentes marques modifient la composition du lait de vache pour le rapprocher de la composition du lait de chienne ou de chatte.
L’expérience compte. Ainsi des laits qui ont fait leurs preuves doivent retenir votre préférence. Si la demande est suffisante, ayez en stock un lait spécial pour les chatons. Dans le cas contraire, certains laits dont la composition est intermédiaire entre le lait de chatte et le lait de chienne peuvent convenir.
Méthode ACF : analyse
Vos questions
Question sur l’animal
Espèce, âge, race, poids, nombre de petits, niveau de la production lactée, depuis quand la lactation a commencé, âge des chiots…
Si la mère nourrit correctement ses petits, indiquez au client qui vient chercher des vitamines, ou d’autres produits comme des vermifuges : « qu’un allaitement de complémentation permet de pallier les conséquences de la chute de la production laitière qui intervient vers la cinquième semaine. »
Conseils
Après avoir choisi un lait maternisé, Lait maternisé Biocanina, Milkkan, Mixol, etc, il faut donner des conseils pratiques qui visent à se rapprocher des conditions naturelles : nombre de repas, température, débit, consistance.
- Administration du lait aux chiots
Conseillez de réveiller les chiots sans mère, avant le repas, à l’aide d’un linge humide et tiède. Après le repas, masser délicatement la zone de l’anus avec un coton imbibé d’eau tiède (la mère lèche toujours ses petits après le repas), afin de déclencher les besoins sur un journal prévu à cet effet (cela évitera bien des problèmes de nettoyage). Les modalités d’emploi sont évidemment différentes, selon que le lait est utilisé comme aliment unique ou comme complément.
Pour la substitution, il faut un minimum de quatre repas et un optimum de six. Recommandez de soigner la distribution du lait. Les jeunes, mal ou trop nourris, peuvent être victimes de graves troubles. Conseillez un biberon spécial, déjà dans la boîte de lait, ou vendu à part. Attention au réglage de la tétine qui doit être bien percée, laissant suinter le lait quand le biberon est renversé, de façon que la succion soit aisée pour le chiot sans risque de fausse route. Dès qu’on sent l’animal rassasié, on arrête le repas. Pour les laits en poudre, il faut diluer la poudre dans de l’eau chaude (à 50°), afin d’obtenir un liquide tiède à 39° avant le repas. Dîtes bien au client, pour faciliter le dosage, que : « la consistance du liquide doit être intermédiaire entre le lait et une purée très liquide, un peu comme du lait concentré ou de la crème ». Le lait reconstitué peut être préparé à l’avance, à condition de le conserver au réfrigérateur ou même au congélateur (pratique si on dispose d’un four à micro-ondes), et de le réchauffer à 39°.
D’un point de vue volume, on peut estimer entre 100 ml et 200 ml la quantité de lait à administrer chaque jour. En fait, mieux vaut surveiller la croissance des jeunes en les pesant régulièrement (deux à trois fois par semaine), et s’arrêter de les nourrir lorsqu’ils sont repus. Dès le début de la troisième semaine, il faut habituer les petits à boire dans une soucoupe.
- Administration à la mère
Les laits maternisés apportent à la mère tous les éléments nécessaires au bon déroulement de la lactation. Pour les petites races, comme les caniches (100 à 400 ml par jour), le volume de lait produit peut être remplacé intégralement, ce qui prévient la tétanie de lactation si fréquente. Pour les races de taille moyenne, le remplacement partiel (environ un demi-litre par jour), est intéressant. Par contre, pour les grosses races ayant des portées nombreuses, c’est uniquement un facteur d’appoint au regard du complément minéral vitaminé indispensable que vous devez proposer systématiquement. Celui-ci sera administré dans toutes les races, un mois avant la mise bas et deux mois après la fin de la lactation.
Pensez aussi à conseiller de vermifuger et vacciner la future mère en début de gestation, pour être bien sûr qu’elle transmettra suffisamment d’anticorps par le colostrum.
Après la mise-bas, conseillez de doubler l’apport en protéines de la ration. Pour une chienne qui mange 100 g de viande, cela correspond à doubler les doses. Une mère bien nourrie et en bonne santé a de plus grandes chances de bien allaiter ses chiots.
- Conduite à tenir en cas de diarrhée
Si les jeunes ont la diarrhée, conseillez de vérifier la propreté du matériel d’allaitement et le dosage en poudre. Si la diarrhée est sévère (très liquide), et persistante (plus d’une journée), le recours au vétérinaire est indispensable pour éviter une déshydratation rapide. D’une manière générale, toute diarrhée doit entraîner l’arrêt immédiat de la distribution de lait pendant au moins 24 heures. Ce dernier sera remplacé par de l’eau de riz ou du jus de carotte. Déconseillez l’utilisation des laits de vache et de chèvre, trop riches en lactose, souvent à l’origine de diarrhée.
Fidélisation - ventes associées
Informez le propriétaire du programme de vermifugation des petits et de la mère pour prévenir dès le plus jeune âge les troubles liés au parasitisme interne. Informez de la possibilité d’une perte de poils post-partum physiologique chez la mère et de l’intérêt d’administrer alors un complément diététique pour le pelage. Les petits sont aussi susceptibles de recevoir un complément diététique de croissance dès la fin de l’allaitement. Le parasitisme externe peut aussi faire l’objet d’une prévention.
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