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Refus d'ordonnance : ça suffit

Date de publication :
13/02/2020
Espéce :
Chat
Catégorie :
Actualité

 Interview exclusive : Jacky Maillet, Président ANPVO

Jacky Maillet, ANPVO, siffle la fin de la récréation pour les vétérinaires qui refusent de remettre une ordonnance. En tous cas, c’est l’objectif d’une initiative qui devrait avoir lieu en ce début d’année. Remettre une ordonnance avant de délivrer les médicaments et sans aucune condition ni intimidation c’est la loi. Y contrevenir doit être dénoncé et cela coute très cher au contrevenant !

 

Vetofficine : Quelles sont les initiatives que l’ANPVO et la profession comptent entreprendre pour faire évoluer la situation délicate de la pharmacie vétérinaire à l’officine, notamment en ce qui concerne l’absence flagrande d’ordonnance vétérinaire.

Jacky Maillet : Une initiative devrait être prise très prochainement dont les détails seront précisés lors d’une conférence de presse qui réunira à la fois la presse professionnelle et la presse grand public.

 

Vetofficine : Les vétérinaires remettent-ils plus d’ordonnances à leurs clients que par le passé ?

Jacky Maillet : Non, la situation actuelle est intolérable ! En effet, de nombreux vétérinaires conditionnent la remise de l’ordonnance à la vente des médicaments, ce qui est contraire à la règlementation. Cette pratique a même été quantifiée en 2016 à l’occasion d’une enquête nationale conduite par un institut spécialisé qui a révélé qu’un pourcentage très important de vétérinaires, voisin de 98 %, remettait les ordonnances à leurs clients après ou dans le meilleur des cas en même temps que les médicaments. Pas étonnant que les pharmaciens ne voient jamais d’ordonnances. Toutes les remontées du terrain nous confirment ce constat. Or, selon l’article L. 5143-5 du Code de la Santé publique : l’ordonnance doit être obligatoirement remise au détenteur de l’animal AVANT la délivrance du médicament. La loi est claire, le vétérinaire examine l’animal, pose un diagnostic, rédige une ordonnance et remet cette ordonnance au client qui choisit librement le dispensateur des médicaments. Ce n’est pas le véto qui choisit, il est temps de le faire savoir !

 

Vetofficine : Mais en pratique, n’est-ce pas le détenteur de l’animal qui réclame les produits au vétérinaire lors de la consultation, en même temps que l’ordonnance qui les accompagne ?

 

Jacky Maillet : Justement non. Selon une autre enquête, près de 30 % des détenteurs d’animaux souhaiteraient faire jouer la concurrence et acheter les médicaments en pharmacie. Cette pratique de la très grande majorité des vétérinaires prive donc le consommateur du libre-choix pour acheter les médicaments là où il le souhaite. Même si la majorité des détenteurs préfèrent acheter les médicaments chez leur vétérinaire, un pourcentage non négligeable souhaiterait utiliser leur pharmacien, c’est un fait. Il est donc inacceptable qu’un vétérinaire refuse de remettre son ordonnance après avoir effectué son expertise médicale si son client lui demande. La rétention de l’ordonnance chez certains vétérinaires ruraux va même jusqu’au chantage aux urgences : si les médicaments sont achetés en pharmacie, alors l’éleveur ne sera pas servi le premier en cas de problèmes. Le vétérinaire doit remettre ses ordonnances sans discuter, c’est la loi. D’ailleurs en 2012, les deux Ordres ont signé une déclaration commune qui rappelle les risques encourus par les vétérinaires qui pratiquent de cette façon. Pourtant rien ne change, nous donc allons siffler la fin de la récréation !

 

Vetofficine : Dans le cas où les médicaments ont déjà été prescrits par le vétérinaire et l’ordonnance remise à l’occasion de la vente qu’est-ce qui empêche son renouvellement en pharmacie pour les traitements au long cours ou si nécessaire ?

Jacky Maillet : Encore faudrait-il que le prescripteur autorise le renouvellement. Tout le monde sait en effet que la mention « renouvellement interdit » figure encore sur la plupart des ordonnances alors que la règlementation ne le permet pas ! A cet égard, il n’est pas rare de trouver la mention « renouvellement interdit » sur des ordonnances prescrivant un traitement à vie. Le renouvellement des délivrances pourrait donc être une solution pour les pharmaciens mais force est de constater que là aussi la majorité des vétérinaires s’y oppose au grand dam de certains propriétaires d’animaux.  

 

Vetofficine : Est-ce que la solution ne consiste pas à revenir sur la liste des exonérations notamment pour les contraceptifs félins et autres produits d’OTC pour s’aligner sur la pratique pour les humains ?

Jacky Maillet : Je ne pense pas que les Pouvoirs publics soient dans cet état d’esprit. Par exemple, à chaque tentative prise par l’ANPVO pour ré-ouvrir ce dossier, notamment pour les contraceptifs, les experts de l’ANMV sont revenus à la charge avec de multiples cas de pharmaco-vigilance qui tétanisent les Pouvoirs publics. Force est de constater que la situation ne risque pas de se débloquer, même s’il est absurde que la Loi soit plus restrictive pour les animaux de compagnie que pour les humains. Pour ma part, je n’inciterai jamais les pharmaciens à se mettre dans l’illégalité. La Loi c’est la Loi. Elle devrait d’ailleurs être beaucoup mieux maitrisée par nos confrères. C’est d’ailleurs un thème que Vetofficine devrait aborder plus souvent !

 

* ANPVO : Association Nationale de la Pharmacie Vétérinaire d’Officine

 

 

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