Actualité
Avis de l’Autorité de la concurrence : Quel Impact pour les pharmaciens d’officine ?
L’Autorité de la concurrence a rendu public, le 24 octobre 2025, un avis très attendu concernant les conditions de fixation du prix des médicaments vétérinaires et l’évolution du coût des soins vétérinaires en France.
.
L'avis de l’Autorité de la concurrence éclaire en profondeur les transformations du marché vétérinaire : montée des réseaux « corporates », hausse des tarifs, rôle structurant des centrales de négociation et limites des règles déontologiques actuelles. Pour les pharmacies d’officine, il ouvre de nouvelles opportunités mais aussi des défis en matière de positionnement et de conseil.
Un paysage vétérinaire en profonde mutation
L’Autorité constate le développement rapide des réseaux de cliniques vétérinaires “corporates”, caractérisés par la présence d’investisseurs non vétérinaires.
Ces réseaux atteignent localement des niveaux de concentration élevés, parfois à l’échelle d’une région, avec un risque d’affaiblissement de la concurrence. Cette dynamique s’accompagne d’une hausse marquée du coût des soins, particulièrement dans les structures intégrées. Les mécanismes internes — grilles tarifaires, objectifs commerciaux, orientation des prescriptions — questionnent l’indépendance clinique des vétérinaires et pourraient, dans certains cas, relever d’une pratique d’alignement tarifaire.
Quel impact pour les pharmaciens d’officine ?
Pour les pharmaciens, cet avis confirme plusieurs tendances stratégiques :
● Renforcement du rôle de l’officine comme point d’accès alternatif
Dans un contexte de hausse des prix vétérinaires, les propriétaires d’animaux recherchent davantage d’options abordables pour les produits courants : antiparasitaires, compléments, soins digestifs, hygiène, OTC vétérinaires.
Les pharmacies du fait de leur répartition géographique peuvent se positionner comme un acteur de réassurance, transparent sur les prix et les conseils.
● Opportunité d’élargir le conseil vétérinaire officinal
L’avis insiste sur la nécessité d’une communication plus transparente dans le secteur vétérinaire. Les pharmaciens, déjà habitués à l’affichage clair des prix et à la dispensation encadrée, disposent d’un avantage comparatif naturel pour le propriétaire d’animal.
● Risque accru de demandes de conseils complexes
L'évolution tarifaire peut pousser les clients à demander davantage d’accompagnement en pharmacie sur des problématiques jusqu’ici gérées en clinique. Les officines devront se préparer à assurer un véritable service en distinguant clairement le conseil OTC des délivrances de traitements chroniques soumis à ordonnance obligatoire (dans ce cas, pour rappel, le fractionnement des délivrances remplace le renouvellement depuis l’entrée en vigueur du règlement UE le 28 janvier 2022). Pour faire face aux demandes avec pertinence, elles doivent suivre des formations vétérinaires adaptées à l'officine et validées au niveau professionnel.
Impact pour les vétérinaires : obligations renforcées et pression concurrentielle
L’Autorité recommande de modifier plusieurs dispositions déontologiques jugées injustifiées :
– suppression de mentions floues (« tact et mesure », « dignité de la profession »),
– retrait de l’interdiction de communications tarifaires groupées,
– allègement des restrictions encadrant la concurrence.
À l’inverse, elle propose :
– l’obligation d’affichage public des tarifs des actes sur les sites internet,
– l’obligation d’indiquer l’appartenance à un réseau corporate.
Ces changements favoriseront une transparence tarifaire accrue, ce qui rapprochera les pratiques vétérinaires des standards déjà en vigueur en officine.
Impact sur le marché du médicament vétérinaire
Les centrales de négociation, qui représentent plus de 70 % des achats vétérinaires, sont un élément-clé du marché.
Si certains laboratoires dénoncent des remises trop élevées ou une influence excessive sur la prescription, l’Autorité ne conclut à aucune pratique anticoncurrentielle.
Pour les officines :
– le marché reste concurrentiel, sans plafonnement des remises,
– les prix publics des médicaments vétérinaires resteront dépendants du jeu de négociation,
– la pression des corporates pourrait maintenir des prix élevés en clinique, renforçant l’attractivité des officines pour les produits vendus sans ordonnance et sur les médicaments avec ordonnance à condition de pratiquer des marges voisines de 20 % pour les médicaments qui dépassent 50€ de prix de vente TTC.
Une opportunité stratégique pour l’officine
L’avis de l’Autorité de la concurrence confirme une recomposition profonde du marché vétérinaire. Dans ce contexte, grâce au maillage territorial, les pharmacies d’officine peuvent jouer un rôle central : transparence, accessibilité, conseil rigoureux, prix maîtrisés. Avec l’augmentation du coût des soins et la concentration croissante des acteurs, l’officine apparaît comme un point d’équilibre essentiel pour les propriétaires d’animaux en quête de solutions fiables, accessibles et conformes aux bonnes pratiques. Les syndicats et l'ANPVO au premier rang doivent faire pression pour rendre cohérent cet Avis et les futures mesures de libre accès à venir lors de la publication du décret concernant la prescription délivrance.
Impact pour le public
L’avis pointe une hausse significative du coût des soins et une variabilité des tarifs selon les réseaux.
Pour les propriétaires, cela se traduit par :
– une augmentation du budget santé animal,
– une recherche accrue de prix compétitifs pour les médicaments,
– une attention plus forte à la transparence tarifaire.
Abonnez vous pour bénéficier d'un accés illimité au site et aux autres services (voir offre abonnement).
Vous êtes déja abonné(e) ou inscrit(e)? Connectez-vous
Pour lire la suite de cet article
Bénéficiez d'un accés limité à 6 article/mois.